Selon RSF, les reporters qui couvrent les rassemblements opposés à la réforme des retraites font l’objet de nombreuses interpellations arbitraires.
L’Organisation non gouvernementale, Reporters sans frontières (RSF) a appelé, vendredi, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, à « mettre fin aux violences policières contre les journalistes » lors des manifestations contre la réforme des retraites.
« Depuis l’adoption de la réforme des retraites le 16 mars 2023, plusieurs journalistes couvrant des manifestations ont été victimes de comportements violents des forces de l’ordre, voire de mesures abusives, comme des gardes à vue injustifiées », souligne l’ONG de défense de la liberté de la presse, dans son communiqué.
C’est ce qui ressort d’un communiqué publié par RSF sur son site, et consulté par Atlanticactu.
Plusieurs incidents de ce type ont été signalés à Paris et dans plusieurs villes, et dans chacun des cas recensés et vérifiés par RSF, les journalistes étaient clairement identifiés comme professionnels de la presse, indique l’ONG.
Parmi « les cas les plus graves », évoqués par RSF, ceux de deux photojournalistes de l’agence « Hans Lucas ». L’un a été pris dans une nasse entre deux cordons de Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS) lors d’une manifestation à Paris en date du 20 mars. Quand bien même il avait fait valoir sa condition de journaliste auprès des forces de l’ordre, le photographe a été retenu en garde à vue 20 heures dans un commissariat « sans poursuites et sans explications ».
Le deuxième cas concerne une femme photo-reporter, qui a été plaquée au sol par deux CRS le 16 mars à Rennes. Les officiers ne l’ont relâchée qu’après une trentaine de secondes alors qu’elle criait désespérément « presse, presse ». Pourtant, explique RSF, la photographe « était clairement identifiable grâce à sa carte de presse accrochée sur son appareil photo, et s’était auparavant positionnée de façon à ne pas gêner l’intervention en cours des forces de l’ordre ».
RSF rapporte que la même journaliste avait été insultée, deux jours plus tôt, « alors qu’elle venait de signaler au policier qui lui demandait de partir qu’elle était journaliste ».
Le 21 mars courant, le journaliste Rémy Buisine dépêché par le média en ligne « Brut » pour filmer les rassemblements à Paris, « a été à deux reprises agressé par des agents, et empêché de faire son travail », indique RSF.
« L’absence de déclaration préalable des rassemblements de protestation n’excuse en rien les entraves arbitraires visant les reporters qui couvrent les manifestations et les agressions policières à leur encontre. RSF condamne fermement cette nouvelle série de violences et de mesures policières abusives et demande au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de rappeler aux forces de l’ordre leur obligation de respecter le droit des journalistes et de les protéger, conformément aux dispositions prévues par le Schéma national de maintien de l’ordre (SNMO) », a insisté le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire.
« Ces différents incidents vont à l’encontre du SNMO », adopté en décembre 2021, ajoute l’ONG, rappelant que, selon ledit Schéma, « la présence des journalistes lors des manifestations revêt une importance primordiale » et « permet de rendre compte des opinions et revendications des manifestants (…) ainsi que de l’intervention des autorités publiques et des forces de l’ordre ».