vendredi, 22 novembre 2024 11:01

« Il est extrêmement difficile de vivre actuellement ici » : le calvaire des Africains devenus la cible des ultra Tunisiens

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Tunisie
Atlanticactu / Djerba / Cheikh Saadbou Diarra 
Comme s les tunisiens attendaient le mot d’ordre du président Kaïs Saïed, plusieurs hordes se sont abattues sur les milliers d’africains, exerçant sur ces derniers des violences inouïes. Même si à la suite des condamnations des organisations de défense des droits de l’homme, l’Union Africaine a réagi mollement, les Chefs d’Etat africains à titre personnel, devraient s’enquérir du sort réservé à leurs ressortissants, victimes de « racisme anti-noir qui gangrène la société tunisienne » exacerbée par l’actuel occupant du Palais de Carthage. Au Sénégal, Boubacar SEYE de l’ONG Horizon Sans Frontières, appelle à des mesures fermes contre le président tunisien et surtout des excuses publiques.
La polémique ne retombe pas depuis les propos de Kaïs Saied. Le chef de l’État qui souhaite mettre un terme à l’afflux de migrants subsahariens, a ouvert la boîte aux pandores, permettant aux tunisiens d’exercer des violences gratuites sur les africains au Sud du Sahara. Comme l’attestent certaines vidéos en possession de Atlanticactu.com, c’est une véritable chasse au noir qui est lancée. Pour éviter d’être la cible des ultras tunisiens comme des forces de l’ordre, le mot d’ordre est de rester chez soi en attendant que la tempête se calme.
Cette chasse au noir qui a été longtemps étouffée sous les règnes de Habib BOURGUIBA et Zyne Abedine Ben ALI, quand des milliers d’Africains étaient reçus à bras ouverts à Tunis, a obtenu l’agrément de la plus haute instance tunisienne. Les choses se sont détériorées après l’effondrement de la Libye, le verrouillage des frontières européennes mais surtout avec la recrudescence des manifestations racistes à travers le pays. Des mouvements nationalistes et extrémistes se sont organisés un peu partout contre les étrangers et ce, avec la bénédiction des autorités.
Les Africains se heurtent aux stéréotypes ancrés dans la société tunisienne en général, explique Moncef Belarbi de « Terre d’asile Tunisie »,  une association qui œuvre en faveur de l’intégration des subsahariens dans la société tunisienne.
« Désormais le racisme est devenu frontal. Va-t’en en Afrique, ici c’est la Tunisie »
Depuis la sortie du président Kaïs Saïed, qualifiant les subsahariens de « hordes de clandestins violents », ces derniers sont la cible permanente des ultraracistes. Aujourd’hui, les subsariens en Tunisie, ne sont plus forcément des étudiants, censés retourner dans leurs pays d’origine après leurs études. On y trouve des hommes d’affaires, des médecins, des ingénieurs, des migrants de passage et même des familles d’anciens diplomates qui ont décidé de s’y installer.
« Maintenant, le racisme est frontal et même physique », témoigne F. Ndiaye, un Sénégalais qui a terminé ses études depuis cinq ans et qui travaille pour une grande firme pharmaceutique. Dans une vidéo (Nous ne pouvons la publier), il a tenu à mettre ses compatriotes en garde contre un éventuel projet d’aller en Tunisie. « Vivre en Tunisie en tant que Noir est extrêmement difficile. Quand vous sortez dans la rue, les gens vous traitent de singe. Vous rencontrez des gens bourrés, qui vont vous attaquer et vous massacrer. Il y a plein d’étudiants qui ont été violentés, des filles violées à cause de leur couleur de la peau seulement… Il ne faut jamais marcher seul dans la rue où habiter. »
« L’actuel président de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, prompt à se prononcer sur tout et sur rien, est bizarrement aphone. Umaru Embalò qui avait claqué la porte du Sommet de la JICA à Tunis à la suite du Représentant du Polisario, ne s’intéresse pas à la situation dramatique des Ouest-africains persécutés sur ordre de Kaïs Saïed »
« N’eut été mon travail qui m’oblige à y séjourner, j’avais juré de ne plus remettre les pieds dans ce pays », admet F. Ndiaye. Comme lui, ils sont nombreux à se plaindre du comportement des tunisiens. Les filles des étudiantes pour la plupart, sont victimes de harcèlement, de viols et malgré les plaintes, il est rare d’avoir une suite. Si la colonie subsaharienne en Tunisie comptait seulement des étudiants, il y’a quelques années, désormais, c’est un véritable melting-pot composé de francophones en majorité, originaires d’Afrique de l’Ouest et du centre, mais aussi de rares anglophones venus du Nigeria ou du Ghana.
Au racisme et aux violences quotidiens auxquels ils sont confrontés, il faut ajouter les exécrables conditions de vie des migrants, obligés actuellement à se barricader pour échapper à la furie des escadrons de la violence. « Ce n’est plus facile de vivre ici. Nous sommes au XXIe siècle, mais jusqu’à maintenant, on nous injurie… J’ai même honte de prononcer ça :  »Macaque, nègre, va-t’en en Afrique, ici c’est la Tunisie, on ne vous connaît pas », témoigne A. Diallo une étudiante guinéenne surprise par le racisme anti-noir en Tunisie, alors qu’elle avait le choix de rejoindre l’Europe occidentale.
Sans papiers et sans existence légale, les clandestins sont les plus exposés
Dans l’imaginaire populaire enrobé d’humour, dans la plupart de la presse tunisienne, les termes Zinji, abid, Wasif, singe, vendeur de drogue, délinquant ou porteur de SIDA…sont utilisés pour qualifier les subsahariens .
« Je me souviens, témoigne un Burkinabé, à mon arrivée il y’a 2 ans, on m’a fait travailler  dur sur un chantier pendant plusieurs semaines et dans des conditions inimaginables. On m’avait promis un salaire de plus de 3300 Dinars tunisiens (650.000 francs CFA environs). Après un mois, en compagnie d’autres subsahariens, nous avons réclamé notre argent. Pas d’argent et quand on a voulu se faire entendre, les patrons ont appelé les policiers, qui nous ont menacés de nous renvoyer dans nos pays. »
Avec cette « mise à mort » décrétée par le président Kaïs Saïed, les africains sont désormais indésirables en Tunisie. Ils ne savent pas où donner de la tête, d’autant plus que les autorités administratives et policières nient cathégoriquement l’existence de racisme dans le pays. Les plaintes déposées par les victimes restent généralement sans suite, explique Moncef Belardi . « Lorsque la police fait preuve de bonne volonté sous la pression de nos organisations, rarement d’une ambassade, les violences provoquées par les ultraracistes sont tout simplement qualifiées d’actes de vagabondage ou de petit banditisme », déplore le représentant de Terre d’asile Tunisie.

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