« J’aurais préféré qu’elle (Marine Le Pen) ne soit pas reçue par vous », a déclaré Emmanuel Macron à Macky Sall, rapporte Walfadjri dans sa parution du jour.
Visite à plusieurs inconnues de Macky Sall à Paris. Sans que cela ne soit inscrit dans son agenda officiel, le Président Sall s’est rendu en France, hier. On dirait même en catimini. Ce, après une escale à Marrakech où il s’est «un peu reposé». Une visite discrète que beaucoup ne comprennent pas au Sénégal et à l’Elysée, mais qui a tout son sens au vu de l’actualité récente entre les deux pays. En effet, ils sont nombreux au Sénégal et en France à ne rien appréhender sur le dernier séjour au pays de la Teranga de l’adversaire politique d’Emmanuel Macron, Mme Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, formation d’extrême droite française, reçue par le chef de l’Etat sénégalais. Une entrevue que Sall ne voulait pas dans un premier temps avant de donner son accord, loin des caméras. Mais qui a été étalée sur la place publique par Mme Le Pen elle-même sur la chaîne sénégalaise I-tv, avec sans doute la bénédiction de l’entremetteur, un certain…Philipe Bohn. Une audience nocturne qui a ainsi provoqué l’ire de personnalités politiques sénégalaises comme Mme Aminata Touré, ancien Premier ministre, qui n’arrive toujours pas à croire que son ex-mentor a franchi le rubicond pour froisser toute l’Afrique et faire cette infidélité aux actuelles autorités françaises. Ce, même si les relations entre les deux pays transcendent les régimes.
Selon nos sources dans la capitale française, Macky Sall, qui n’a pas été reçu sur le perron de l’Elysée, qui est donc passé par la porte du coq puisque la visite n’était pas officielle, un signal fort, a eu, hier, un tête-à-tête de deux heures avec Emmanuel Macron que certains disaient «très en colère et prêt à recevoir l’opposant Ousmane Sonko à l’Elysée», pour jouer à l’arroseur arrosée. Mais, rapportent nos sources, lors de ce déjeuner, les deux hommes ont bien évoqué le déplacement au Sénégal de Mme Le Pen pour lequel il l’a informé la veille afin de mettre les choses au point. Et Macky Sall a, selon nos sources, effectivement expliqué à son hôte les raisons qui l’ont poussé à dérouler le tapis rouge du palais de l’avenue Léopold Sedar Senghor à la cheffe de file du RN, parti qui se distingue par ses brimades contre la jeunesse et le peuple d’Afrique et du monde arabe au sujet de l’immigration.
Aux explications de Sall, rapportent nos sources, le double tombeur de Mme Le Pen aux dernières présidentielles françaises a rétorqué : «Je ne t’en veux pas. Tout malentendu est dissipé. J’aurais préféré qu’elle ne soit pas reçue mais ce n’est pas grave. Je comprends qu’il est parfois difficile de refuser. Bon retour et bonne chance». Une dernière phrase qui peut laisser croire que le Président Sall a sans doute déjà briefé le chef de l’ancienne puissance coloniale de sa volonté de déposer une controversée troisième candidature à l’élection présidentielle de 2024.