Sénégal
Atlanticactu / Dakar / Salif Ka
Comme de coutume, ce sont les autorités les premières à piétiner les lois et règlements dans ce pays. Au moment où des journalistes non encore détenteurs de la carte de presse peinent à assurer leurs missions du fait de l’exigence faite de présenter dorénavant ledit sésame lors des cérémonies officielles, voilà que le ministre de l’intérieur Antoine Félix DIOME himself, piétine cette décision en conviant l’influenceur Niang Xarangne Lo à couvrir la cérémonie de sortie de la 46eme promotion de l’École Nationale de Police.
Sans accréditation, dans un contexte où on impose aux journalistes la carte nationale de presse pour la couverture des manifestations de la République, Aliou Niang alias Niang Xaragne Lo a couvert, hier, sans difficulté la cérémonie de remise de diplômes de la 46e promo des élèves sous-officiers, agents et commissaires de police. Bloqué pendant un moment par un agent préposé au filtrage des entrées, il a été finalement admis à l’intérieur, sur instruction de Antoine Diome, via l’intervention d’un membre de la cellule de communication du ministère. Sinon le «Snappeur» attitré du chef de l’Etat allait rebrousser chemin. L’intervenant, lui aussi en tenue de police, a voulu juste éviter un incident car Niang avait déjà composé un numéro pour joindre son protégé. L’agent à la porte d’entrée qui soutient n’avoir pas reçu l’ordre de sa supérieure hiérarchique, était catégorique et intraitable. «Pour rejoindre les journalistes, il faut montrer une carte de presse. C’est l’ordre qu’il avait reçu. L’intervenant voulait juste éviter que le gars crée un boucan ici», confie une source gênée.
«C’est le ministre qui l’a invité. Depuis quelques temps, il le suit dans ses déplacements. C’est incompréhensible. Comment une autorité peut accepter que ses apparitions publiques soient transmises en direct par des gens non formés à la bonne école. Ce n’est pas sûr. Quand le gars lance ses directs, c’est fini. Il ne contrôle plus rien. Par inadvertance, il peut faire une petite erreur qui sera transmise en direct. Et là, c’est le ministre qui sera vilipendé sur les réseaux sociaux. Il ne peut pas corriger ni supprimer certaines erreurs», lance une autre source qui s’indigne de l’introduction de l’ami de Waly Ballago Seck.
Cet incident passé, Niang Xaragne rejoint le groupe des journalistes avec ses téléphones. Critiqué par les reporters sur place, il lance, fier : «Je ne suis pas journaliste. Par la magie du web, j’ai intégré votre métier sans avoir fréquenté aucune école. J’ai fait l’école de la rue.» Paradoxalement, c’est Antoine Félix Abdoulaye Diome qui a invité, dans son allocution, les nouveaux sortants de l’école nationale de la police à faire très attention aux…nouveaux médias.