Dans son discours d’investiture après sa réélection, le président Macky Sall avait promis une équité territoriale et sociale. Cette promesse ressemble davantage à une grosse farce pour les populations de la région de Ziguinchor. Certains sont obligés de faire près de 200 km pour obtenir une carte nationale d’identité. Insouciance étatique ou amateurisme, la région ne compte qu’un seul et unique centre de dépôt.
Pour une superficie de 7 339 km2 et quelques 437 698 habitants, la région de Ziguinchor ne compte qu’un seul centre de dépôt de carte nationale d’identité. Une gageure quand on connaît le déficit d’infrastructures de cette région qui se relève de quelques 37 ans d’une crise indépendantiste.
Pourtant, le Président Macky Sall a toujours prôné un traitement spécial et différencié pour la paix et le développement de la région méridionale en mettant sur pied un pôle économique de la Casamance.
Pour obtenir une carte nationale d’identité, certains passent la nuit à Ziguinchor pour espérer un dépôt
Ziguinchor la capitale de la région dispose du seul centre qui polarise également les départements de Bignona et Oussouye. Du lundi au jeudi, les populations sont obligées de parcourir qui, 120 km à partir de Kafountine, qui 130 km à partir du Nord Sindian pour rallier Ziguinchor. Nonobstant les populations de la ville, le principal centre de dépôt reçoit 4 jours dans la semaine quelques 200 dossiers de demande ou de renouvellement de carte nationale d’identité. Une goutte d’eau dans l’océan quand on sait que tous les jours, près de 300 personnes cherchent à obtenir le sésame.
Plus de 15 centres de dépôts en période électorale, un seul pour subvenir aux 437 698 habitants. Le Ministre de l’intérieur préfère la question électorale aux exigences citoyennes
Les services du ministre Aly Ngouille Ndiaye devraient revoir leur copie. Comment peut-on en l’espace d’une élection passer de plus de 15 centres d’enrôlement de la carte nationale d’identité et de la carte d’électeur à un unique centre pour toute une région ? Des questions qui font réagir Ansoumana Badji du village de Médiédje dans le Nord Sindian.
Approché au centre de dépôt du commissariat de police de Ziguinchor, il nous confie, « Cela fait 2 mois que toutes les semaines je viens pour déposer mais, à chaque fois j’arrive au moment où la liste des 50 personnes est arrêtée ». Très soulagé après son dépôt, il nous précise, « Je suis arrivé dimanche à Ziguinchor et j’ai dormi à la belle étoile pour pouvoir faire partie des premiers sur la liste ».
Du côté de la police, c’est motus et bouche cousue même si l’un des préposés consent à nous dire ceci, « Noys comprenons la situation des personnes mais nous aurions préféré que le matériel qui se trouve dans les préfectures et sous-préfectures serve à quelque chose au moins car il a coûté plus de 50 milliards aux sénégalais ».
Mame Penda Sané