@Atlanticactu.com – L’amiral Papa Farba Sarr, émissaire de Macky Sall, a signé un accord de paix avec César Atoute Badiate, chef d’une des franges du MFDC, sous l’égide d’Umaro Sissoco Embaló. Des négociations entamées au moment du procès de l’affaire Boffa Bayotte qui a vu la Chambre Criminelle condamner René Capain Bassene, Omar Ampoye Bodian et César Attoute Badiate à des peines de prison à perpétuité. Au vu des accords signés, César Attoute a été retrouvé pour signer un accord de paix et logique pour logique, René Capain et Omar Ampoye n’ont plus de raison de perdurer en prison. Atlanticactu vous livre les non-dits de cet accord.
Peut-on parler d’accords de paix quand on sait que la grande inconnue est de savoir si l’un des plus redoutables chefs de faction du MFDC est toujours vivant. Salif Sadio disparu des radars depuis les opérations militaires dans le Nord Sindian, n’a pas donné de signe de vie. Nombreux observateurs de la crise Casamançaise ont sous le sceau de la confidence, déclaré que Salif Sadio est mort depuis le mois d’avril dernier. Cela serait l’une des raisons pour le gouvernement sénégalais de mettre en avant Cesar Attoute Badiate, une vieille relique de la rébellion un gain politique dans la résolution de la crise en Casamance.
On aurait dit qu’il s’agissait d’une pièce de théâtre, les Sénégalais y auraient cru tellement la ficelle est trop grosse pour être avalée. César Attoute Badiate l’ennemi public numéro 1 condamné à perpétuité par contumace dans la tuerie de Boffa -Bayotte, s’est déplacé à Bissau pour signer un accord de paix avec l’émissaire du président Macky SALL. Étaient également présents Compass, Lansana Fabouré, deux petits chefs de gang qui écumaient la forêt de Sikoum avant d’y être chassés lors des opérations de ratissage de l’armée.
C’est un pas important qui a été franchi jeudi 4 août 2022, le monde entier apprend, par un tweet du président Macky Sall, que le Sénégal et le Comité Provisoire des Ailes politiques et combattantes du MFDC ont signé le même jour à Bissau, sous l’égide de la Guinée-Bissau, un « accord de paix et de dépôt des armes », paraphé : pour l’Etat sénégalais par l’Amiral Papa Farba Sarr, pour le Comité Provisoire des Ailes politiques et combattantes du MFDC par Lansana Fabouré (Coordonnateur) et par le Général Chef d’Etat-Major César Aoute Badiate, pour l’Etat bissau-guinéen par le Général Samuel Fernandes, et pour le Centre pour le Dialogue Humanitaire (HD) par Alexandre Liebeskind (Directeur Régional Afrique Francophone) et par Freddy Nkurikiye (Conseiller Senior).
Après la signature officielle dudit accord, le « général » d’opérette Umaru Embalò s’adressant à César Attoute Badiate, « Vous êtes entré dans le maquis quand j’avais 10 ans. Aujourd’hui, j’en ai 50. Je crois que ça suffit maintenant. Combien de personnes sont mortes, ont été mutilées ou ont quitté leur village ? Nous allons vous accompagner dans la recherche de la paix ». « Je puis vous assurer que nous allons être les garants de cet accord », a poursuivi le président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Si tout te monde applaudit à la signature d’un tel accord de paix et de dépôt des armes, un fait pousse à rester dubitatif en son préambule qui stipule, « que le processus, qui y a concouru, a débuté le 12 juin 2019 (1ère rencontre) à Banjul, en Gambie, pour être couronné les 3 et 4 août 2022 (7ème et dernière rencontre avant signature de l’accord) à Bissau, en Guinée-Bissau ; en passant par Tambacounda les 4 et 5 novembre 2020 (2ème rencontre) et par Praia, au Cabo Verde, les 8 et 9 avril 2021 (3ème rencontre), les 14 et 15 juillet 2021 (4ème rencontre) et les 17 et 18 novembre 2021 (5ème rencontre). »
En clair, pendant que se déroulent les enquêtes puis le « procès Boffa-Bayottes », l’Etat sénégalais négocie avec César Atoute Badiate, aidé en cela par l’Etat bissau-guinéen et l’ONG HD. N’est-ce pas le moment pour la justice de déclarer définitivement innocents René Capain Bassene et Omar Ampoye Bodian considérés à juste titre, comme des « otages » pour obtenir cet accord de paix.