@Atlanticact.com – Élu au mois de décembre dernier lors de l’assemblée générale d’Interpol, le général Ahmed Nasser Al-Raisi qui faisait l’objet de plaintes pour actes de torture et de barbarie, risque voir son mandat à la tête de l’organisation internationale de police ne pas arriver à son terme. Le Parquet Antiterroriste français enquête sur le président d’Interpol, selon l’AFP.
Les procureurs français antiterroriste ont ouvert une enquête préliminaire sur les actes de torture et de barbarie qui auraient été commis par le général émirati Ahmed Nasser Al-Raisi qui est devenu président d’Interpol en novembre. L’enquête fait suite à une plainte déposée par une ONG qui accuse le général Raisi d’être responsable de la torture d’une personnalité de l’opposition en sa qualité de haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur des Émirats arabes unis.
Le Centre des droits de l’homme du Golfe (GCHR), tenant Ahmed Nasser Raisi responsable du traitement inhumain envers Ahmed Mansoor, un opposant au gouvernement émirati, a déposé sa plainte en janvier auprès de l’unité des procureurs antiterroristes dont le mandat comprend la gestion des crimes contre l’humanité.
Des allégations de torture avaient déjà été portées contre Raisi par des organisations de défense des droits de l’homme lorsqu’il s’est présenté à la présidence d’Interpol, affirmant qu’ils craignaient que l’agence ne soit exploitée par des régimes répressifs.
Il a néanmoins été élu président en novembre suite à un généreux financement des Émirats arabes unis pour l’organisme basé à Lyon, en France.
Il y avait également des accusations selon lesquelles Abou Dhabi avait abusé du système d’Interpol des soi-disant « notices rouges » pour les suspects recherchés afin de persécuter les dissidents politiques. L’enquête contre Raisi est menée par le parquet pour crimes contre l’humanité, génocide et crimes de guerre, ont indiqué les sources.
William Bourdon, un avocat de renom agissant pour le GCHR, a déclaré qu’il était « totalement incompréhensible » que les procureurs n’aient pas immédiatement ordonné l’arrestation de Raisi, ce qu’il aurait dû faire, selon lui, étant donné qu’il se trouve en France.
Les accusations étaient un motif suffisant pour lever l’immunité diplomatique du général Raisa dont il bénéficie grâce à un accord entre l’Etat français et Interpol, a déclaré Bourdon.
En 2017, les Émirats arabes unis ont fait don de 54 millions de dollars à Interpol, soit presque l’équivalent des contributions requises de tous les 195 pays membres de l’organisation, qui s’élevaient à 68 millions de dollars en 2020. Une somme qui serait la contrepartie de l’élection du général Ahmed Nasser Al-Raisi, selon plusieurs sources
Pour rappel, le général Raisi a rejoint la police émiratie en 1980 et y a travaillé pendant plusieurs décennies Sa candidature au poste de président d’Interpol a suscité une série de protestations, notamment de la part de députés du Parlement européen. Plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, ont déclaré que Raisi faisait « partie d’un appareil de sécurité qui continue de cibler systématiquement les critiques pacifiques ».
Dans une précédente plainte contre Raisi, le Britannique Matthew Hedges a déclaré avoir été détenu et torturé entre mai et novembre 2018 aux Émirats arabes unis après avoir été arrêté sous de fausses accusations d’espionnage lors d’un voyage d’étude.
Mansoor, quant à lui, est détenu depuis 2017 dans une cellule de quatre mètres carrés (43 pieds carrés) « sans matelas ni protection contre le froid » et « sans accès à un médecin, à l’hygiène, à l’eau et aux installations sanitaires », alors qu’il purgeait une peine de 10 ans pour avoir prétendument menacé la sûreté de l’État, selon ses avocats.
Le ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis a rejeté les plaintes concernant les conditions de détention de Mansoor comme « sans fondement ».
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