@Atlanticactu.com – Les faux tests Covid-19 sont devenus courant depuis que plusieurs pays ont instauré l’obligation pour tout voyageur d’effectuer un test avant toute entrée sur leur territoire. Si ce trafic a débuté en France où des gangs ont été neutralisés au niveau de l’aéroport Roissy Charles De Gaule, le phénomène par effet contagieux, s’est développé à l’aéroport international Blaise Diagne de Dakar. Mais, l’ampleur que connaît ce trafic en Gambie et l’implication supposée des plus hautes autorités, inquiète l’OMS obligeant le ministère de la Santé d’ouvrir une enquête.
A l’image de son voisin immédiat, la Gambie a été frappée de plein fouet par la pandémie de coronavirus. En réponse, le gouvernement a introduit une batterie de mesures pour freiner la propagation de la maladie. Parmi lesquelles, des tests PCR pour tout voyageur désirant venir ou quitter le pays, conformément aux recommandations de l’OMS. Des mesures dont l’efficacité peut être remise en cause au vu d’un travail d’investigation de longs mois par un site internet gambien qui a mis à nu,-preuves tangibles à l’appui-, un vaste système de corruption par des fonctionnaires gambiens qui échangent des faux tests PCR contre des billets de Banque. Un tarif variant selon la nationalité du demandeur. Contactée, la tutelle s’abstient de tout commentaire pour l’instant.
C’est une enquête journalistique très fouillée et compromettante que viennent de publier nos confrères de Malagen, un site internet d’investigation gambien, fondé l’année dernière. Usant d’une méthode classique dans la profession, acceptée que dans des circonstances exceptionnelles : filmer ou mettre sous écoute des personnes à la probité douteuse, les journalistes ont infiltré des agents du ministère de la Santé véreux qui échangent des faux tests PCR négatifs contre des billets de banque.
Le ministère de la Santé a publié mardi une déclaration pour réagir à une histoire de Malagen qui a révélé la corruption dans le secteur de la santé du pays. L’enquête du journal Malagen publiée la semaine dernière a révélé comment les agents de santé vendent de faux résultats de tests COVID-19 négatifs, un acte qui pourrait constituer un danger pour la santé des citoyens.
Le ministère a aussitôt publié une déclaration pour informer : «Le ministère de la Santé souhaite informer le public de la récente publication d’une vidéo en ligne « intitulée COVID-19 and an Outbreak of Bribery, 2 avril 2021 », mettant en évidence M. Lamin Nyassi travaillant dans l’équipe d’intervention COVID-19 et M. Lamin Sanneh, ancien membre du personnel de laboratoire des laboratoires nationaux de santé publique et du laboratoire clinique AFRIMED.
Cette vidéo est prise au sérieux par le ministère de la Santé. Il fera l’objet d’une enquête et des mesures appropriées seront prises. Le ministère continuera de renforcer les contrôles et procédures internes pour empêcher de telles possibilités.
Le ministère sollicite donc le soutien et la coopération du public en cette période difficile de l’enquête et ainsi que ses efforts pour contenir le COVID-19 dans le pays.
Même si M. Nyassi a nié avec véhémence son implication dans la vente des résultats du test COVID-19, comme indiqué dans la vidéo, cependant, le ministère de la Santé ne tolère aucune faute professionnelle à la suite d’une enquête. Une allégation similaire avait abouti à l’arrestation d’un homme qui est toujours détenu au poste de police pendant que l’enquête se poursuit. Le public est assuré que le ministère a déjà fait des efforts pour renforcer le système avant même la production de la vidéo actuellement en circulation.
C’est le cas Dr Lamin Sanneh, pharmacien au laboratoire national du pays qui a été filmé à son insu. Dans une vidéo publiée par nos confrères, on le voit confier qu’il facture 2500 dalasi, environ 25000 FCFA les nationaux, le double voire le triple pour Occidentaux, l’air hilare. Dans ce travail de longue haleine, le journaliste s’est fait passer pour un voyageur désirant se rendre au Sénégal, à la recherche de deux tests PCR négatifs, sans être testés.
« Si je ne prélève pas votre échantillon, cela implique d’autres personnes », peut-on entendre dans la vidéo. Durant la négociation, le pharmacien confie : « je réduirai le coût du test à 2000 dalasi, environ 20.000 FCFA chacun, la moitié sera remise à un autre collègue du réseau ». Plus préoccupant encore, ces tests proviennent tous du laboratoire national de santé, avec cachet et signature de la direction.
Pour Amadou Lamine Samakeh le ministre gambien de la santé, « En ce qui concerne M. Lamin Sanneh qui était un ancien membre du personnel des laboratoires nationaux de santé publique (NPHL) et de la clinique AFRIMED, n’est pas un membre du personnel du ministère de la Santé. Par la suite, M. Sanneh aurait commencé à travailler avec AFRICMED en tant que personnel de laboratoire. Son implication dans le travail de COVID-19 s’est faite par AFRICMED mais pas par NPHL. »
Cette activité délictueuse équivaut à saper les efforts de réponse des gouvernements et à favoriser la transmission de l’infection aux membres de la famille, aux amis, aux pays voisins. Le fait de rechercher illicitement des résultats négatifs au test COVID-19 sans passer le test constitue une infraction en vertu des lois du pays
Pour ce fonctionnaire véreux et son réseau, les tests PCR est synonyme de bonnes affaires. Dans cette enquête, il confie avoir fait fortune, même s’il ne donne pas le nombre exact de personnes auxquelles il a vendu les faux tests. Le cas de Sanneh est loin être un cas isolé. Un autre médecin exerçant dans un autre hôpital avait déjà été arrêté et emprisonné pour vente de faux tests, révèle toujours le travail d’investigation. Quel sort sera-t-il réservé à ces fonctionnaires mis en cause ? La tutelle s’abstient de tout commentaire pour l’instant.
« Au cours de la riposte au COVID-19 et dans le cadre du renforcement du partenariat avec le secteur privé, M. Sanneh a été formé en tant que membre du personnel d’AFRIMED et non de NPHL. Jusqu’à récemment, il y a à peine trois (3) mois, on a fait comprendre au NPHL que M. Sanneh avait été renvoyé de la clinique AFRICMED. Le ministère souhaite informer le public que M. Lamin Sanneh ne travaille pas avec le NPHL au ministère de la Santé et que son implication dans le travail du COVID-19 n’a rien à voir avec le NPHL. », a tenu à préciser le ministre de la santé.
«Même si M. Sanneh n’est plus un agent de santé dépendant du ministère de la Santé, mais les prétendues actions dont nous n’avons aucune preuve concrète sont vivement condamnées par le ministère de la Santé, car elles vont à l’encontre de nos efforts collectifs pour contenir la propagation de la maladie. COVID-19 en Gambie et au-delà. Le ministère assure au public qu’il prendra l’allégation au sérieux et ouvrira immédiatement une enquête sur l’affaire. Le public sera informé du résultat de l’enquête et toute personne trouvée impliquée dans l’affaire devra faire face à la pleine force de la loi.
Amsatou Barrow