vendredi, 22 novembre 2024 01:33

État d’urgence généralisé : Le coup exorbitant et indisponible qui fait reculer l’État

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Malgré une hausse des cas de Covid-19 surtout ceux provenant du nouveau variant, le gouvernement rechigne à aller plus loin dans les restrictions. Chute du PIB, probables nouvelles aides massives de l’Etat… Une généralisation de l’état d’urgence risque de mettre à genoux les finances publiques!

La seconde vague de la pandémie de Covid-19 qui tarde à refluer au Sénégal , pourrait rendre encore plus tendue la situation financière nationale. Malgré une hausse exponentielle des cas et la saturation des structures médicales, le gouvernement refuse de généraliser l’état d’urgence encore moins le couvre-feu ou un important tour de vis sanitaire, qui plomberait notre PIB, avec à la clé un important manque à gagner pour l’Etat sur le front des recettes fiscales. Et le gouvernement devrait à nouveau s’endetter et lancer la valse des milliards, pour soutenir entreprises et particuliers… Selon plusieurs économistes interrogés, un état d’urgence général comme en mars 2020, avec un niveau de restrictions globalement similaire à celui observé , amputerait le produit intérieur brut (PIB) d’environ deux points, soit un peu plus de 1400 milliards de francs , sur l’année.

Sachant que le couvre-feu pénalise déjà l’activité, « le premier trimestre sera certainement un trimestre de récession », avance Lamine Touré, économiste dans un organisme international. Selon plusieurs sources du ministère de l’Économie, la généralisation de l’état d’urgence pourrait entraîner une perte mensuelle d’activité donc de revenus allant de 15 à 28% par rapport au niveau d’avant la crise. En mai et juin dernier, l’activité avait baissé de 12% par rapport à son niveau de fin 2019 et en juillet et août 2020, de plus de 30%. Certains experts du ministère de l’Économie ont aussi reconnu qu’en cas de nouvelles mesures de restrictions, « bien entendu, nous aurons une croissance qui ne pourrait pas atteindre les 1% en 2021 », comme le prévoit pour l’instant le gouvernement.

Dilemme cornélien de l’État qui doit assurer la survie des sénégalais tout en refusant de revoir à la baisse son train de vie, principal source de dépenses publiques 

Actuellement, avec le couvre-feu instauré entre Dakar et Thiès de 21 heures à  à 05H00, « les aides coûtent environ 45 à 55 milliards par mois à l’État », montant auquel il faut ajouter les pertes de recettes fiscales, ce qui conduit à plus de 100 milliards , selon  un Inspecteur du Trésor. Selon le fonctionnaire qui requiert l’anonymat, « En couvre-feu , si on est sur le format des mois d’avril, mai, juin  dernier, cela va probablement coûter encore plus cher (…) ça peut approcher les 500 milliards toutes dépenses et non-ressources confondues », a-t-il affirmé.

« Les trois principales mesures de soutien que le gouvernement devrait mettre en place sont le fonds de solidarité pour les entreprises, la subvention du secteur informel pour lutter contre le chômage partiel et les exonérations de charges », renseigne le fonctionnaire. Et de poursuivre, « Pour les mois de mai-juin  par exemple, le gouvernement a dépensé plus de 90 milliards au titre du fonds de solidarité, et l’addition pourrait encore monter. Les dépenses pour les couches vulnérables ont concerné quelques 1 million de personnes pour un montant approximatif de 103,1 milliards. A cela s’ajoutent de possibles aides supplémentaires pour soutenir les secteurs qui restent très touchés par la crise.

Le gouvernement n’a pas été « prévoyant » en 2020, a affirmé Pape Samba Faye, un cadre de la BAD. De fait, sur le budget prévu pour financer les aides, près de  428,8 milliards  n’ont pas été dépensés l’an dernier. Cette enveloppe est donc disponible pour cette année. La semaine dernière, le ministère avait indiqué qu’à situation sanitaire constante, le gouvernement pouvait « tenir 3 mois et demi ». Mais en cas de d’état d’urgence généralisé , il faudra en passer par un projet de loi de finances rectificative. Il pourrait survenir « probablement à la fin du premier trimestre (…) fin mars-début avril, mais cela peut-être accéléré en fonction des besoins », selon le fonctionnaire du Trésor.

Cheikh Saadbou Diarra 

 

 

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