Au moment où le nouveau pouvoir essayait de se dépêtrer de sa posture après le rejet de l’exécution du mandat d’arrêt lancé par le Procureur Général Fernando Gomes contre Domingo Simoes Pereira, le leader du PAIGC voyageait tranquillement vers Lisbonne avec une escale à Dakar. DSP a transité à AIBD sans problème malgré un mandat d’arrêt international.
La décision d’Interpol de ne pas exécuter le mandat d’arrêt pour vice de procédure continue de susciter moult débats au niveau de la Guinée Bissau. Si Fernando Gomes le procureur général de la République de Guinée-Bissau (PGR)persiste dans son erreur, des juristes et hommes politiques ont mis en pièces cette décision. Mieux, Domingos Simões Pereira a quitté Conakry via Lisbonne sans aucun problème .
Pour rappel, Simões Pereira se trouvait en Guinée-Conakry, où il a participé à la cérémonie d’investiture du président Alpha Condé, le 15 décembre quand le PGR a émis un mandat d’arrêt contre lui.
48 heures après l’émission du mandat d’arrêt, Domingos Simões Pereira était en escale à Dakar, Capitale du Sénégal avant son départ le 19 décembre 2020 pour Lisbonne.
Domingo Simões Pereira a annoncé à Atlanticactu qu’il n’a commis aucun crime et, annonce son retour en Guinée-Bissau en début d’année prochaine. Le président du PAIGC prend à témoin la communauté internationale quant aux menaces qui pèsent sur lui et d’autres membres du parti. « Ce mandat d’arrêt est juste une façon de domestiquer l’opposition mais n’a aucun soubassement légal ».
Pour l’analyste politique guinéen Diamantino Lopes, « ce mandat d’arrêt est une enquête judiciaire instrumentalisée par la politique »
« Bien sûr, le régime actuel ne veut pas de Domingos Simões Pereira dans le pays, mais ils sont aussi intéressés à l’éloigner pour de bon de la politique guinéenne. Tous les tenants du pouvoir actuel voient Domingo Simoes Pereira comme adversaire politique, un obstacle majeur aux ambitions politiques », a-t-il commenté.
Diamantino Lopes soutient également que la communauté internationale doit être plus proactive pour assurer l’exercice démocratique en Guinée-Bissau, compte tenu de la tension politique qui se vit dans le pays.
Et , « Même si une certaine inertie et un certain éloignement du processus politique, une intervention de la communauté internationale est nécessaire pour aider à l’édification de la justice », plaide Diamantino Lopes.
Pour le juriste, « Si ce n’est pas la loi de la force. Celui qui a le plus de force va maîtriser, abuser, humilier l’adversaire et utiliser le pouvoir pour éliminer physiquement l’autre » dira t’il pour mettre en garde.
De son côté, le juriste Louis Petit dit qu’à la lumière de la loi guinéenne, le PGR agit hors de sa compétence. « Celui qui est habilité à délivrer un mandat d’arrêt international est un juge ou un collectif de juges, par un arrêt et non le parquet. Et ça devrait arriver au moment où la personne est condamnée dans une procédure criminelle et que le procès transite en procès », explique-le.
Et, précise t-il, « Mais pas quand le processus est en cours. C’est la seule façon de demander à Interpol d’appliquer le mandat d’arrêt international, souligne encore Louis Petit même s’il comprend que le parquet devrait révéler dans la procédure le crime en cause pour que l’on puisse savoir si le processus est transnational ou non ».
Selon lui, « Le PGR n’a fait aucune référence à aucun processus dans lequel il est assigné [Domingos Simões Pereira] Parce que pour délivrer un mandat international, le processus doit se consolider dans le cadre d’une procédure criminelle qui est considérée comme un crime transnational », conclut l’expert.
Pape Sané