samedi, 23 novembre 2024 11:32

Un sommet Afrique-France sur fond de tensions diplomatiques

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La ville de Montpellier (sud) accueillera vendredi 8 octobre le 28ème sommet Afrique-France, présidé par Emmanuel Macron mais sans aucun autre chef d’Etat.
Pas moins de 3 000 participants de la société civile, issus de 54 pays, sont attendus pour évoquer les enjeux majeurs des relations entre la France et le continent africain.
La présidence française assume, en effet, de vouloir clairement évincer les autres chefs d’Etat pour mener des discussions directes auprès de la jeunesse africaine.
« Le sommet Afrique France traditionnel : un chef d’Etat et 54 chefs d’Etat en face nous semble effectivement un format obsolète », estime l’Elysée, cité par RFI.
Sur son site internet, l’organisation de ce sommet très attendu, indique que l’événement se tiendra « sans chefs d’Etat et sans autorités institutionnelles » et « sera exclusivement consacré à la jeunesse d’Afrique et de France qui, chaque jour, bâtit l’avenir de la relation entre la France et le continent africain ».
Le sommet de Montpellier a « pour ambition de permettre d’envisager ensemble les perspectives et les premières actions concrètes à mener pour le renouveau de la relation entre notre pays et le continent africain ».
Les débats et discussions seront articulés autour de « cinq grandes thématiques » que sont « l’engagement citoyen, l’entreprenariat et l’innovation, l’enseignement supérieur et la recherche, la culture et le sport ».
Pour nourrir les échanges, qui seront animés par le philosophe, politologue et historien Achille Mbembé, des débats ont été initiés dans une dizaine de pays africains, sur près d’un an.
Cette démarche d’analyse a permis d’associer « l’ensemble des acteurs de terrain qui s’intéressent à l’avenir de la relation entre l’Afrique et la France », souligne le site dédié à l’événement.
Dans le détail, les intérêts de la France en Afrique sont très importants puisque 14,9% des Français établis à l’étranger se sont installés sur le continent africain.
La France est, par ailleurs, le troisième investisseur mondial en Afrique avec 1,8 milliard d’euros.
Pour autant, le sommet qui arrive, se tient dans un contexte très particulier, avec de vives tensions entre le Président français et plusieurs nations africaines comme le Mali, le Maroc, ou encore l’Algérie.
Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé en juin dernier, la fin de l’opération Barkhane, le Premier ministre malien, Choguel Maïga, a fustigé, fin septembre à l’ONU, un « abandon » de la part de la France alors que le Sahel est toujours menacé par le terrorisme.
Ces déclarations ont été qualifiés de « honte » et « d’inacceptables » par le chef de l’Etat français.
Parallèlement à cela, la crise bat son plein avec l’Algérie qui a rappelé, samedi dernier, son ambassadeur à Paris « pour consultations » après des propos décriés d’Emmanuel Macron sur la colonisation.
Face à 300 jeunes descendants de harkis et d’immigrés algériens, le chef de l’Etat a critiqué une « histoire officielle » qui aurait été « totalement réécrite et qui ne s’appuie pas sur des vérités » mais sur « un discours qui, repose sur une haine de la France ».
« La nation algérienne post-1962 s’est construite sur une rente mémorielle, et qui dit : tout le problème, c’est la France », a-t-il poursuivi avant de déclarer que « le système politico-militaire » algérien « s’est construit sur cette rente mémorielle ».
Ce à quoi l’Algérie a répondu par la sanction en interdisant le survol de son espace aérien par l’aviation militaire française, engagée notamment au sein de Barkhane.
Pour autant, les difficultés d’Emmanuel Macron ne concernent pas que l’Algérie et le Mali et sont également le lot du Maroc comme de la Tunisie.
La France a, en effet, fait le choix de durcir considérablement les conditions d’octroi des visas pour les ressortissants des trois pays du Maghreb.
Le porte-parole du gouvernement a assuré que cette décision a été prise pour réagir au refus de ces pays, de délivrer des laissez-passer aux déboutés des demandes d’asile.
Mardi, le Président français, a reconnu, dans un entretien à France Inter, qu’il y « aura immanquablement d’autres tensions » entre Paris et Alger et assure néanmoins vouloir « un apaisement » pour « avancer » malgré « des désaccords ».
L’élection présidentielle qui doit se tenir au printemps prochain, interviendra ainsi à un moment où Emmanuel Macron apparaît en difficulté sur de nombreux dossiers internationaux comme celui de l’Afrique, mais également de la Syrie, de l’Afghanistan, de la Libye, sans oublier la récente crise avec son allié américain dans l’affaire de la vente avortée de sous-marins à l’Australie.

Avec AA.

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