Dans le nord-est de la Syrie, des forces américaines ont patrouillé, jeudi 31 octobre, dans une zone proche de la frontière turque. Mais les Américains ne sont pas seuls à patrouiller dans la région.
Cette nouvelle patrouille est une première, alors que les forces américaines s’étaient retirées de cette zone il y a trois semaines, ce qui avait ouvert la voie à l’offensive de la Turquie contre les forces kurdes syriennes.
Dans le cadre d’un accord signé entre Ankara et Moscou le 22 octobre, des soldats russes et turcs doivent aussi commencer ce vendredi à patrouiller ensemble dans le nord-est de la Syrie.
La Russie a annoncé dès mardi que les forces kurdes s’étaient totalement retirées d’une bande de 30 kilomètres de profondeur à la frontière syro-turque, ainsi que des régions de Manbij et de Tall Rifaat.
La Turquie, qui a estimé que le retrait était « incomplet », entend vérifier par elle-même les annonces de Moscou en menant ces patrouilles conjointes, relate notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer.
Des patrouilles russo-turques
Ces dernières patrouilles ont commencé ce vendredi dans deux zones situées à l’ouest et à l’est de la région où l’armée turque a mené au début du mois son offensive terrestre, et s’avanceront sur 10 kilomètres en territoire syrien.
La Turquie se déclare satisfaite de son accord avec Moscou, mais personne à Ankara n’a dit clairement ce qui se produirait si des combattants kurdes se retrouvaient sur le chemin d’une patrouille russo-turque.
Depuis le début de l’offensive, la Russie joue les médiateurs, avec les forces kurdes, mais aussi avec le régime syrien, qui a repris pied dans ces territoires qu’il avait quittés il y a plus de sept ans.
Le 31 octobre, Ankara a déclaré avoir remis à Damas, via Moscou, 18 personnes soupçonnées d’être des soldats du régime syrien. Ils avaient été capturés par des supplétifs de l’armée turque au sud-est de Ras al-Aïn, ville contrôlée par Ankara depuis son offensive.
Un accord tacite entre les Forces démocratiques syriennes et Damas
Depuis l’offensive turque dans le nord-est de la Syrie, l’armée de Bachar el-Assad a repris les positions qui étaient depuis le début du conflit syrien sous le contrôle des Kurdes.
Mercredi 30 octobre, Damas a proposé aux Kurdes, majoritaires au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS), d’intégrer les rangs de l’armée. Mais les Kurdes refusent toute allégeance sans « un accord politique qui reconnaîtrait et préserverait le statut et la structure spécifiques » de leurs forces.
Behejet Chekho est un responsable politique près de Ras al-Aïn, non affilié au Parti de l’Union démocratique (PYD). Son parti était présent à Genève lors des négociations sous l’égide de l’ONU. Il exige que certaines conditions soient remplies avant d’envisager tout accord avec Damas.
« La population civile et le peuple sans armes se méfient toujours des accords politiques. Sans aucun doute, si le régime syrien prend le parti du peuple kurde et respecte ses droits et son nationalisme, alors un accord me paraîtrait positif. Alors que si le régime ne prend pas en compte la présence de plus de 4 millions de Kurdes sur son territoire, cela sera préjudiciable pour le futur de la Syrie en général. »
Pour Behejet Chekho, les Syriens ont besoin d’une conciliation politique et ont besoin de mettre en place une nouvelle Constitution afin d’établir un système démocratique nouveau. « Mais si personne ne prend en compte les droits nationaux des Kurdes, la région ne sera jamais stabilisée. »