Le maire de Sindia, Thierno Diagne a été placé sous mandat de dépôt hier. Il lui a été reproché les chefs d’inculpation de faux et usage de faux dans un document administratif et escroquerie foncière portant sur un montant de 65 millions.
En somme, des délits pratiquement banalisés dans ce pays où les histoires d’escroquerie foncière font légion. Surtout dans la zone de Mbour et alentours sans oublier Dakar. D’ailleurs, pratiquement partout au Sénégal, les problèmes fonciers hantent d’honnêtes citoyens qui ont travaillé dur pour avoir un lopin de terres et qui, malheureusement, tombent sur des escrocs qui, par ailleurs, peuvent être de hautes autorités ou des membres des administrations notamment communales. Les terrains sont vendus parfois à deux ou plusieurs personnes par des individus qui agissent parfois en groupes.
Aujourd’hui, c’est malgré eux que les gens continuent à acheter des terrains. Les dossiers concernant les escroqueries foncières inondent les tribunaux. Et le plus grave, c’est qu’il faut courir derrière ses fonds pendant longtemps et beaucoup, de guerre lasse, abandonnent ou se résignent à saisir les médias. Ça ne peut pas continuer comme ça. Il faut siffler la fin de la récréation. Et l’acte posé contre ce Maire est un début important, même s’il bénéficie évidemment de la présomption d’innocence. Ce qui ne veut nullement dire que les gens agissaient toujours dans une parfaite impunité. Beaucoup étaient en réalité emprisonnés. Mais, la stratégie, pour certains escrocs, est de faire la prison un certain temps et de sortir pour profiter de leurs sous. Ignoble démarche !
Pourtant, du fait du caractère dramatique de ce genre d’escroqueries avec ses conséquences sur les victimes, il est impératif de trouver de nouveaux mécanismes de transaction foncière avec toutes les garanties qu’il faut pour protéger les citoyens contre les prédateurs terriens.
Pis, des hectares de terre sur quoi comptaient plusieurs familles de paysans démunis sont vendus à des agriculteurs du dimanche parfois dans des conditions qui désavantagent complètement les anciens ‘’propriétaires’’ privés ainsi de leurs outils de travail et de leurs propriétés. Bien sûr, on nous répliquera que ces derniers ne peuvent pas exploiter d’une façon efficiente leurs terres qui appartiennent au domaine national, selon la loi de 1964, mais ce n’est pas là une raison. Car, en refusant de leur fournir les documents adéquats attestant légalement de leurs titres de propriétés, on les confine dans une situation embarrassante qui ne leur permet pas de chercher des fonds, y compris par prêts, pour mettre en valeur leurs terres.
C’est arrivé à Ndengler où malgré les médiations, le problème reste entier : Il y a d’un côté les ‘’propriétaires’’ traditionnels, ceux qui ont obtenu les terres par héritage et de l’autre côté les vrais acquéreurs qui ont des baux ou même des titres fonciers. Et ces derniers, nouveaux propriétaires, ne peuvent nullement être dépossédés. D’où l’impasse. Des situations dramatiques qui avaient fait réagir les autorités par quelques réformes permettant l’intervention des Préfets si la surface est très importante. Mais, ces réformes ne suffisent pas. Il nous faut une vraie réforme foncière avec des mesures courageuses, équitables et qui tiennent compte des droits des citoyens et de la nécessité de développer l’agro-business.
Le Professeur Moustapha Sourang et Cie avaient élaboré des recommandations dans ce sens. Mais, apparemment, les autorités traînent les pieds à les appliquer.
Or, tant qu’il en sera ainsi, la terre, qu’elle soit à usage d’habitation ou agricole, sera toujours source non pas de vie, mais de malheur au Sénégal.