Des organisations internationales telles que les Nations Unies (ONU), l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ainsi que plusieurs gouvernements, ont condamné le putsch de dimanche en Guinée et appelé à la libération du président Alpha Condé.
LA PROMESSE D’UNE TRANSITION
Alors qu’il s’adressait lundi aux ministres et hauts responsables du gouvernement, Mamady Doumbouya, le lieutenant-colonel à la tête de ce coup d’Etat, a annoncé l’initiation d’une transition « en direction d’une nouvelle Guinée où tous les fils du pays seront réconciliés ».
M. Doumbouya a également indiqué qu’ils prévoyaient de former un nouveau gouvernement d’union nationale et interdisaient aux responsables du gouvernement de quitter le pays d’Afrique de l’Ouest sans leur feu vert.
Dimanche, des tirs nourris ont été entendus dans la commune urbaine de Kaloum, dans le centre-ville de la capitale Conakry, où se situent le Palais présidentiel et plusieurs ministères.
Plus tard dans la journée, M. Doumbouya a annoncé à la télévision nationale qu’il s’était emparé du pouvoir, avait fermé les frontières aériennes et terrestres de la Guinée et invalidé la Constitution, après que le Groupement des forces spéciales qu’il dirige a arrêté M. Condé et dissolu le gouvernement et les institutions nationales.
Le chef rebelle, qui est aussi à la tête du Comité national du rassemblement et du développement (CNRD) en Guinée, a promis qu’à la fin de cette phase de transition, les bases d’une nouvelle ère de gouvernance, de sécurité et de développement économique seraient posées. Il a ajouté qu’il n’y aurait « pas de haine ni de vengeance ».
Le CNRD a décidé que « concernant les anciens membres du gouvernement », aucun voyage à l’étranger ne sera autorisé pendant la période de transition et l’ensemble des documents de voyage et des véhicules officiels des « ex-ministres » devront lui être remis.
Le CNRD entend néanmoins maintenir ouvertes les frontières maritimes pour l’exportation des produits miniers, et a exempté les zones minières du couvre-feu national afin d’assurer la continuité de la production.
« Le comité a l’intention d’assurer les partenaires économiques et financiers de la poursuite normale des activités dans le pays et demande aux sociétés minières de continuer leurs activités », a fait savoir M. Doumbouya.
Celui-ci a souligné que le CNRD respectera toutes ses obligations ainsi que les conventions minières en vue d’encourager les investissements étrangers dans le pays.
Au lendemain du putsch, le prix de l’aluminium a atteint lundi son plus haut niveau en une décennie dans un contexte de panique et de perturbations de l’approvisionnement mondial. En effet, la Guinée possède les plus grandes réserves mondiales de bauxite, une matière première essentielle dans la production de l’aluminium, et fait partie des plus gros exportateurs mondiaux de bauxite.
UNE CONDAMNATION INTERNATIONALE
La rébellion militaire a été largement dénoncée par la communauté internationale et a entraîné de nombreux appels à la libération du président Condé, notamment de la part de l’ONU, de l’Union européenne (UE), de l’UA et de la CEDEAO.
« Je suis personnellement la situation en Guinée de très près. Je condamne fermement le renversement d’un gouvernement par la force des armes et appelle à la libération immédiate du président Alpha Condé », a tweeté dimanche le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres.
Le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a lui aussi condamné le coup d’Etat sur Twitter et demandé aux rebelles de libérer M. Condé.
L’UA, composée de 55 Etats membres, a également appelé à la libération immédiate du président guinéen à travers un communiqué.
Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo et actuel président de l’UA, et Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, ont exhorté le Conseil de paix et de sécurité de l’UA à se réunir de toute urgence pour examiner la nouvelle situation en Guinée et prendre des mesures appropriées.
La CEDEAO « condamne résolument la tentative de coup d’Etat qui s’est produite dimanche », a indiqué la communauté dans un communiqué tout en demandant que M. Condé et les autres personnes arrêtées soient relâchées saines et sauves.
Par ailleurs, des pays tels que les Etats-Unis et la Russie ont eux aussi condamné le coup d’Etat et appelé à la libération de M. Condé, exhortant l’ensemble des parties à éviter la violence et collaborer en faveur d’une résolution pacifique de la situation.