Comme le redoutaient de nombreux observateurs, les bisbilles nées du changement d’itinéraire de la marche de l’opposition organisée samedi à Kinshasa, ont été à l’origine de violences constatées après que les forces de l’ordre aient rapidement dispersées les manifestants en faisant usage de bombes à gaz lacrymogène, ont rapporté des médias locaux.
Les autorités n’ont pas laissé les opposants marcher ce samedi 20 mai à Kinshasa, alors que la manifestation a été autorisée par l’hôtel de ville. Dès la matinée, plusieurs militaires et policiers ont inondé les artères choisies par les opposants pour leur manifestation. C’est notamment l’avenue Kianza, qui traverse les communes de Lemba et Ngaba où était prévu le rassemblement des manifestants. Mais les forces de l’ordre et de sécurité sont entrées en danse: coups de feu, gaz lacrymogène, interpellations, coups infligés aux militants…
« Même à l’époque du président Kabila on a jamais vécu ça », lance Matata Ponyo justifiant le degré élevé de la répression, suivi par Moïse Katumbi qui accuse le pouvoir, « C’est triste, ils sont en train de tirer avec des gaz lacrymogènes, au début c’était avec des balles réelles et tout ça, c’est monsieur Tshisekedi ».
Les leaders de l’opposition qui sont arrivés sur le lieu ont déploré une violence “extrême”.
Des discussions tendues ont eu lieu entre les leaders de l’opposition et les forces de sécurité qui empêchent la tenue de la marche, parfois avec des violences verbales. Un policier a par exemple menacé publiquement de tirer sur Delly Sesanga s’il franchissait une ligne.
« C’est de l’entrave à la marche, une liberté pourtant consacrée dans la constitution. Nous sommes en plein dans l’agitation. C’est de la répression », déplore Delly Sesanga.
Des images des personnes violemment torturées et blessées sont devenues virales sur la toile. Un mineur a été copieusement torturé par des policiers. La vidéo fait le tour des réseaux sociaux.
Plusieurs dizaines de personnes sont interpellées dont le secrétaire général du parti Envol de Sesanga. Il a été appréhendé par la police au niveau du rond-point Forces dans la commune de Kasa-Vubu avec plusieurs autres manifestants.
Des centaines de policiers lourdement équipés de matériels dont des blindés et des camions à eau chaude ont été mis en contribution appuyés par une unité de l’armée (Police Militaire).