Le Congrès du Pérou a prêté serment à un nouveau président dans une journée de drame politique radieux qui a vu l’ancien dirigeant, Pedro Castillo, évincé lors d’un procès de destitution quelques heures après avoir tenté de dissoudre le Parlement dans une dernière tentative de rester au pouvoir. Désormais, c’est Dina Boluarte qui préside aux destinées du Pérou jusqu’en 2026.
Ignorant la tentative de Castillo de mettre fin à la législature par décret, les députés ont intenté une procédure de destitution précédemment prévue, avec 101 voix en faveur de sa destitution, six contre et 10 abstentions. Le résultat a été annoncé avec de fortes acclamations, et la législature a appelé la vice-présidente Dina Boluarte à prendre ses fonctions comme présidente de la République.
Dina Boluarte, 60 ans, a prêté serment en tant que présidente jusqu’en 2026, ce qui en fait la première femme à diriger le Pérou. Elle a appelé à une trêve politique après des mois d’instabilité, y compris deux tentatives de destitution antérieures, et a déclaré qu’un nouveau cabinet comprenant toutes les sensibilités politiques serait formé.
En juillet, Mme Boluarte avait dit être disposée à assumer la charge présidentielle jusqu’à la fin du mandat prévu, soit 2026, si Pedro Castillo, déjà dans le collimateur du fisc et en difficulté au Congrès, devait être démis de ses fonctions.
« Il y a un mandat que le peuple nous a donné, gouverner pour cinq ans, et c’est notre seul ordre du jour. Travailler durant les quatre ans (de mandat) qui restent pour les plus vulnérables, ceux qui sont le plus dans le besoin », avait-elle déclaré.
Cette avocate, ancienne ministre du Développement et de l’Inclusion sociale et également vice-présidente, était l’une des figures les plus en vue du gouvernement. Jusqu’à son exclusion de l’équipe gouvernementale, il y a deux semaines, par le désormais ex-président péruvien Pedro Castillo, destitué mercredi pour « incapacité morale » et arrêté pour des accusations de rébellion.
Il y a encore deux jours, Mme Boluarte risquait pourtant d’être empêchée d’exercer cette charge suprême et toute responsabilité publique pendant dix ans, jusqu’à ce qu’une commission du Congrès rejette une plainte contre elle pour une infraction constitutionnelle présumée.
Elle avait en effet été épinglée par le Contrôleur général de la République pour avoir occupé un poste dans le privé en même temps que sa charge de fonctionnaire, ce qui est interdit par la loi péruvienne.
Elle a présenté la décision de Pedro Castillo de dissoudre le Congrès comme une « tentative de coup d’État ».