vendredi, 22 novembre 2024 15:11

Opinion : Assassinat dune jeune fille à Thiès, Adama Gaye s’indigne de cette hécatombe et rend hommage à… MAREME

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Marieme !

Par des coups de couteaux plantés sur son corps, il ne reste plus d’elle qu’une âme travaillée par des questions: pourquoi elle et pourquoi à la veille de ce jour où le monde célèbre, tous les ans, la journée des femmes.

Elle s’appelait Marieme Diagne. Joli minois, jeunesse gourmande, joies et joues en abondance. Son meurtrier ne lui a laissée aucune chance autre que celle, au milieu d’une mare de sang, inerte, de devenir le symbole de ce qui n’est plus une fête. En l’assassinant hier, il l’a hissée bien au dessus des descendantes de Nder qui détalent prises par la corona-panique, ou encore de l’activisme de toutes celles mobilisées pour faire de ce jour un moment de traite politico-commerciale, sans oublier qu’elle a rendu ridicule, tragique, la dernière faute du fautologue suprême, Macky, se fendant d’une énième stupide sortie pour saluer les femmes du Walo ayant préféré, écrit-il, MOURRIR que d’être des esclaves.
Laissons Mickey avec ses conflits permanents avec verbes, adjectifs et adverbes, phrases ou avec son braquage continu de l’histoire pour faire oublier le présent.
La mort hier a Thies dans d’horribles conditions de Marieme n’est pas seulement une atrocité sans nom. Elle devrait donner sens et gravitas à la journée de la femme en la vidant des folklores qui ont fini de lui faire perdre toute sa symbolique.
Imaginez-vous, n’eut été le corona d’essence divine, ce qu’aurait été hier soir au Musée des Civilisations, à Dakar, la soirée du Bicentenaire de Talaatay Nder. Rien qu’à voir la tronche de Alioune Badara Beye, multi-transhumant, festoyeur du Fesman, pieuvre collée à tous les pouvoirs, et que les organisatrices de l’événement avaient choisi comme l’un de ses deux principaux parrains prouve qu’en lançant à leurs trousses Sa Virus Corona, Dieu s’oppose à ces farces. Tant mieux que le guide suprême nous a épargné cette mortelle, narcissique, soirée: le pays sommé de retrouver les sentiers perdus de la rigueur s’en serait retrouvé davantage enfoncé dans les bizarreries qu’affectionnent ses chercheurs de lustres, pilleurs d’une histoire réécrite à leur profit. Halte à l’hagiographie infantile !
Parlons d’autre chose que d’une histoire révisionniste pour les femmes, embellie à souhait, moins par refus d’accepter l’utilité de créer des imaginaires pour lubrifier le psyché d’une nation malade mais parce que les urgences, violences et pénuries, les pesanteurs, exigent de ne plus aborder cette journée du 8 mars que sous un prisme rigoureux.
Parlons de Marieme. Qui peut oublier Bineta Camara violee et violentée a mort à Tambacounda. Évoquons la mémoire de Fatoumata Matar Ndiaye, éminente membre de la formation politique au pouvoir, tuée chez et son sang…bu par son assassinat qui n’a pas craint de mouiller des caciques parmi les dirigeants du pays.
On pourrait citer aussi Fatou Gaye l’épouse tuée dans un accident de voiture il y a trois jours en compagnie de son mari, Tilala Fall.
Les exemples sont nombreux, en vérité, qui illustrent le sort catastrophique de la femme sénégalaise. À tous les niveaux de la société et de l’état, elle souffre, réduite qu’elle est en quantité négligeable, taillable et corvéable à merci.
Malgré l’adoption de nouvelles lois dont celles sur la parités et la criminalisation du viol et de la pédophilie, la réalité est qu’elle n’est qu’un pion au service d’intérêts de carrières individuelles ou de positionnement sociopolitique loin de prendre en charge, comme disaient les communistes, les grandes questions l’affectant.
C’est dire que le 8 mars ne doit pas être un jour de fête mais de sobre évaluation du statut de la femme et des réponses à ses défis.
Education, santé, politique, famille, culture, même religion, bref, aucun champ de la société et de l’état ne doit plus être labouré sans sa participation pleine et entière. En commençant par supprimer ce décorum qui l’enserre dans des rôles dégradants.
Sans une approche plus sérieuse de la question genre, extirpée des griffes de féministes aussi révisionnistes, situationnistes qu’opportunistes, le risque est réel de voir la femme sénégalaise continuer de s’enliser vers le nouvel horizon qui semble lui être tracé : sa pipolisation outrancière dont les effets, au quotidien, se déclinent en Rangou, Dieyna, Fatou Binetou. Et les morts.
Ayant peur que le producteur des fautes ne vienne encore détourner l’attention, faisant pouffer de rire, je tiens, en la soutenant, à inviter la sénégalaise à exiger que sa journée cesse d’être dévoyée et piratée par les opportunistes de tous poils qui prétendent la représenter.
Pour commencer deux questions pourraient lui servir de raisons d’engager la réflexion sérieuse qui s’impose:
Marieme Diagne ! Puis la nécessité la nécessité couvrir le champ des complémentarités femme et homme. Rien ne se fera sans cette action conjointement menée par les deux faces du genre humain.
Et, alors, si on mettait fin à la journée de la femme. Pour célébrer celle, tout court, de l’être humain. Séparer ce qui est un en croyant bien faire a été dès le départ le péché originel qui plombe à ce jour cette journée de la femme discriminatoire et inutile !
Laissez-moi fuir, les Walo-walos me cherchent: Mann laniou weur avec leurs coquettes…

Adama Gaye, Le Caire, 8 mars 2020.
🌹cette rose est pour vous individuellement Madame ou que vous soyez !

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