Au rythme où vont les arrestations de journalistes critiques vis-à-vis du régime, les nouvelles autorités nigériennes risquent de donner un sacré coup à la liberté de la presse. Après l’arrestation de la journaliste Samira SABOU, c’est au tour de Journaliste Idrissa Soumana Maiga, Directeur de publication du quotidien privé « L’Enquêteur », d’être placé sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt de Niamey pour atteinte à la défense ce lundi 29 avril 2024, après sa présentation à un juge, suite à la publication d’un article évoquant l’achat d’un matériel d’écoutes téléphoniques auprès de la Russie.
Après quatre (04) jours de garde à vue, Idrissa Soumana MAÏGA qui est poursuivi pour « atteinte à la Défense », un chef d’accusation passible de dix (10) ans de prison, a été envoyé en prison. Le fondateur du principal quotidien privé du pays a été interpellé jeudi dernier par la Police Judiciaire (PJ) suite à la publication d’un article faisant cas de l’installation par les partenaires russes, de systèmes d’écoutes sur des bâtiments officiels à Niamey. Après les organisations professionnelles de la presse du Niger, Reporters Sans Frontières (RSF) a, dans un communiqué, dénoncé « une détention arbitraire » et demandé « l’abandon des poursuites » contre le journaliste.
Sa remise en liberté était attendue par les organisations de la presse nigérienne. Pour Moudi Moussa, président du cadre d’action des professionnels des médias du Niger, c’est la loi de la presse qui est applicable dans ce genre de situation : « L’ordonnance 2010/35 dépénalise le délit commis par voix de presse. En cas de délit, la détention préventive est interdite, le juge ne peut décerner ni mandat de dépôt, ni mandat d’arrêt. La place de Maiga ne devrait pas être derrière les barreaux. »
Des arguments rejetés, pour l’heure, par le doyen des juges d’instruction qui, « au motif des nécessités de l’enquête », a placé Idrissa Soumana Maiga en détention provisoire.
Dans son édition du jeudi 25 avril, le journal L’enquêteur titrait sur l’installation d’équipements d’écoute par des agents russes révélée dans le journal français Le Figaro. « Si ces informations sont avérées, cela soulève une multitude de questions et préoccupations graves quant aux véritables intentions derrières ces actions », s’interrogeait le principal quotidien privé du Niger. Ces faits ont été qualifiés d’atteinte à la défense nationale. Un chef d’accusation très grave au vu des faits reprochés, pour lesquels Idrissa Soumana Maiga encourt entre cinq et dix ans d’emprisonnement.