Malgré la fin de la guerre au Libéria depuis plusieurs années, la justice internationale continue de traquer les chefs de guerre qui ont entretenu les massacres les plus sanglants de l’Afrique de l’ouest. Le procès d’un ancien chef rebelle s’ouvre ce lundi 10 octobre en France. Celui de Kunti Kamara, commandant de l’Ulimo durant la première guerre libérienne (1989-1997). Il encourt la prison à perpétuité. Il est poursuivi pour complicité de crimes contre l’humanité, tortures et actes de barbarie, en 1993 et 1994, dans le comté de Lofa.
Des heures sombres de la guerre civile au Liberia aux Assises de Paris. Dans le comté de Lofa, territoire riche en diamants du nord-ouest du Liberia, frontalier de la Guinée et de la Sierra-Leone, au début des années 1990, c’est la terreur. Tortures, mises à mort, travail forcé et violences sexuelles. Le mouvement armé rebelle Ulimo (United Liberation Movement of Liberia for Democracy) formé en 1991 gagne du terrain sur le NPFL (National Patriotic Front of Liberia), mouvement armé dirigé par Charles Taylor.
Au moment des faits qui lui sont reprochés, Kunti Kamara a alors à peine vingt ans. En tant que commandant au sein de l’Ulimo, il encourage les viols et les actes d’une extrême violence contre les habitants, pour les intimider ou les punir d’une collaboration supposée avec le groupe adverse.
Sur son site internet, l’organisation Civitas Maxima, à l’origine de la plainte contre Kunti Kamara, rappelle que selon la Commission Vérité et réconciliation, l’Ulimo s’est rendue responsable de plus de 11 000 violations des droits humains durant la première guerre civile du Liberia.
Kunti Kamara a été arrêté en France en 2018. Remis en liberté provisoire suite à une erreur procédurale, il est arrêté à nouveau en janvier 2020 alors qu’il essaie de quitter le pays.
Son procès va durer jusqu’au 4 novembre à Paris en vertu de la compétence universelle qui permet de juger les crimes les plus graves quel que soit le pays où ils ont été commis.