Tchad
Atlanticactu/ Washington/ Amsatu BARROW
Mahamat Déby se contentera-t-il d’assurer une transition démocratique ? Certains opposants tels Succès Maska, dirigeant du parti « Les transformateurs », en doutent fortement. Plusieurs éléments laissent en effet la place au soupçon, tout particulièrement depuis que la junte au pouvoir a ajouté la possibilité de proroger la période de transition de 18 mois supplémentaires. Un ajustement légal critiqué par l’Union africaine et les observateurs internationaux, à l’exception d’un seul : l’Elysée, qui apporte pour l’instant son soutien à la junte militaire actuellement au pouvoir et au clan Déby.
Pour le leader des « Transformateurs », Succès Masra dont les prises de parole sont très attendues depuis «sa fuite» de son pays, le Tchad, suite au massacre du 20 octobre 2022 dont le bilan officiel fait état d’au moins 50 morts, ne compte pas faciliter la tâche à Mahamat Idriss Deby et Emmanuel Macron d’installer une dynastie militaire au Tchad.
C’est sa seconde interview après celle diffusée le 8 décembre dernier sur la chaîne publique française France 24.
L’opposant Succès Masra, président du parti Les Transformateurs, a donné un entretien le 30 janvier 2023 à Voice of America. Dès l’entame de son interview, d’environ une heure, il se veut très clair «je ne suis pas en demande d’exil. J’ai été contraint de sortir pour porter la voix de mon peuple.»
Selon le jeune leader charismatique de l’opposition tchadienne, c’est un bilan macabre de plus de 300 personnes tuées, plus de 200 disparus et plus de 2 000 arrestations qui l’a contraint à quitter son pays pour se rendre aux États-Unis. De l’avis de l’opposant, Mahamat Idriss Déby Itno, président de la transition tchadienne, prend un virage autoritaire, caractérisé par une prolongation de 18 mois de la transition.
Alors que le successeur de feu le maréchal Déby Itno semble bénéficier du soutien du président français Emmanuel Macron qui l’a reçu le lundi 6 février 2023, Succès Masra met en garde sur les conséquences d’une légitimation d’un régime qu’il juge anti-démocratique.
Le leader des Transformateurs sollicite donc «un accord onusien post-crise ou une résolution pour une séparation à l’amiable ou il y aura deux Tchad.»