L’avocate des lycéennes dénonce une « procédure hallucinante » qui suscite l’indignation depuis jeudi, suite à l’affaire révélée sur les réseaux sociaux par Maître Lucie Simon, avocate au barreau du Val-de-Marne. Et pour cause, plusieurs lycéennes, dont au moins une mineure, ont été placées en garde à vue, après avoir reproché à leur professeur d’avoir tenus des propos racistes et islamophobes.
Des poursuites pénales, pour « outrage », sont venues s’ajouter à une procédure disciplinaire qui a abouti à une lourde sanction: une exclusion définitive du cours de philosophie et une exclusion définitive de l’établissement avec sursis.
Dans un entretien exclusif à Anadolu, Lucie Simon, qui accompagne l’une des élèves dans cette procédure, a accepté de revenir sur les faits qu’elle qualifie « d’hallucinants ».
C’est par le simple port d’un kimono, que de vives tensions ont éclaté entre le professeur et la jeune fille, le premier estimant qu’il s’agissait d’une tenue à caractère religieux, et la seconde lui rétorquant que sa réaction avait des relents racistes et islamophobes.
Le port d’un simple Habaya à l’origine des tensions
Maître Simon souligne à cet effet que le proviseur de l’établissement lui-même, a reconnu « qu’il ne s’agissait aucunement d’un signe ostentatoire religieux » mais a décidé de sanctionner la lycéenne et d’autres de ses camarades, considérant qu’elle s’était livrée à une injure en caractérisant les propos du professeur d’islamophobes.
Après avoir écopé de l’une des plus lourdes sanctions disciplinaires, les élèves concernées ont fait appel de la décision devant le conseil de discipline, et ont la possibilité, si la sanction venait à être confirmée, de saisir le tribunal administratif.
Pour l’avocate parisienne, le principal problème vient de la circulaire de novembre 2022 qui « laisse une marge d’appréciation très dangereuse au corps éducatif pour définir ce qui est religieux ou pas » sans établir de « règles claires », ce qui « ne peut qu’exacerber les tensions ».
« Les conséquences de cette circulaire sont multiples puisqu’elle ouvre la voie à une stigmatisation des élèves musulmanes » pointe Lucie Simon qui s’interroge en parallèle sur la réaction du Ministère Public, qui a décidé de poursuivre des élèves et de les entendre sous le régime de la garde à vue.
L’instrumentalisation du meurtre de Samuel Paty pour justifier les sanctions
Alors que depuis plusieurs semaines, l’affaire du Fonds Marianne a révélé comment certaines associations ont utilisé des subventions publiques sous prétexte de lutte contre un prétendu « séparatisme » après l’assassinat terroriste de Samuel Paty, le nom du professeur est à nouveau mentionné dans cette polémique.
Devant le conseil de discipline, l’enseignant mis en cause par ses élèves pour des faits de discrimination a expliqué que « cette situation (le) fait penser à Samuel Paty », et assure souffrir d’insomnies. Lucie Simon déplore à ce propos que le concerné ait mis « sur le même plan le port d’un kimono et un assassinat à caractère terroriste ».
Pour autant, et malgré les insinuations du corps éducatif, les élèves ne sont pas poursuivies en vertu de la loi d’août 2021 contre le séparatisme mais pour « outrage », après avoir, de manière répétée, pointé un comportement « raciste et islamophobe » du professeur de philosophie.
Depuis plusieurs jours, les polémiques s’enchaînent, partout en France avec la dénonciation du port des habayas considérés comme une atteinte à la laïcité
Le port des abayas, dont le CFCM lui-même (conseil français du culte musulman) conteste le caractère religieux, a très largement occupé la scène politico-médiatique en cette fin d’année scolaire.
De nombreuses élèves ont révélé, notamment sur les réseaux sociaux, avoir été humiliés publiquement pour s’être présentée dans leurs établissements dans des tenues amples. Pas plus tard que ce vendredi matin, RMC Info révélait qu’une intervenante de l’université Paris-Dauphine, avait été suspendue pour avoir invectivé une élève voilée lors de son oral de fin d’année.
« C’est inadmissible, une honte dans une université publique (…). Ici, nous sommes en France, retournez en Afghanistan » lui aurait alors lancé l’une des membres du jury.
La direction de l’établissement a immédiatement signalé les faits au procureur de la République de Paris.