France
Atlanticactu/ Paris/Marie Pierre Dupuy
L’ancien patron du Renseignement Extérieur français Bernard Bajolet a été inculpé pour complicité de tentative d’extorsion en octobre dernier. Bernard Bajolet, a été mis en examen, en octobre dernier, au Tribunal de Bobigny, pour « complicité de tentative d’extorsion » et « atteinte arbitraire à la liberté individuelle par dépositaire de l’autorité publique », selon une révélation du journal « Le Monde », jeudi.
L’article des célèbres journalistes, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, rapporte que l’homme qui a dirigé les renseignements extérieurs, d’avril 2013 à mai 2017, et son ancien directeur de cabinet, le Général Jean-Pierre Palasset, sont soupçonnés d’avoir orchestré des mesures d’intimidation en mars 2016 pour réclamer de l’argent à l’homme d’affaires, Alain Duménil.
Le Monde précise que le Général Jean-Pierre Palasset a été placé sous le statut plus intermédiaire de témoin assisté, par la juge Claire Thépaut.
L’actuel directeur général de la DGSE, Bernard Émié, a également dû s’expliquer, selon les journalistes Davet et Lhomme, mais en tant que simple témoin, sur « les embarrassantes mesures d’extorsion dont se serait rendue coupable la DGSE ».
» C’est une avancée qui est attendue de longue date, (…) qui très clairement remet en cause les pratiques de la DGSE dans le cadre du traitement de cette affaire », ont déclaré à l’AFP Me Nicolas Huc-Morel et William Bourdon, avocats d’Alain Duménil.
Selon l’article du quotidien français, dans les années 2000, Alain Duménil, patron d’entreprises de luxe et habile financier, est missionné par le service des renseignements extérieurs pour redresser ses affaires. La DGSE, héritière de fonds secrets, les aurait investis dans des placements qui n’étaient pas suffisamment rentables, notamment dans le textile, la joaillerie ou la cosmétique. C’est alors que l’homme d’affaires est chargé de faire fructifier les richesses des services français.
Cependant, selon ceux-ci, l’homme d’affaires les aurait « escroqués ».
« M. Duménil […] aurait, par des manœuvres financières déloyales, récupéré, pour son profit personnel, les avoirs des services », relate Le Monde qui rapporte « 12,5 millions à 16,7 millions d’euros de préjudice », selon l’actuel directeur général de la DGSE, Bernard Émié.
Cependant, l’homme d’affaires dément ces accusations.
Après avoir lancé des procédures judiciaires à l’encontre de leur ex-allié, sans parvenir à obtenir la somme réclamée, les services français auraient opté pour de nouvelles méthodes.
Le 16 mars 2016, alors que le maestro financier s’apprête à s’envoler pour Genève depuis l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle (région parisienne), il est arrêté par la police aux frontières avant d’être interrogé par deux officiers des renseignements extérieurs.
« Vous avez volé l’État de 13 millions, ce qui fait aujourd’hui, avec les intérêts, 15 millions. Il faut nous les rendre », lui aurait déclaré les agents, selon Alain Duménil.
Pour souligner le sérieux de la situation, les agents lui auraient montré des photos de lui et de sa famille, énonçant des menaces, selon l’homme d’affaires.
L’ex-patron de la DGSE dément toute menace ou intimidation, évoquant « une invitation à reprendre contact via ses avocats ».