L’Association marocaine des droits humains (AMDH) a publié son rapport 2021, dans lequel elle décrit l’année comme une année au cours de laquelle la situation des droits de l’homme au Maroc ne s’est pas améliorée de manière significative, pointant une situation stagnante causée par « des violations de nombreux droits et libertés fondamentaux dans notre pays, qui ne sont ni circonstancielles et marqué par des violations.
L’AMDH note que les violations de droits « sont le résultat d’une décision politique systématique de l’État, même si cela semble parfois en contradiction avec le renforcement du discours officiel et institutionnel sur les droits de l’homme », affirme sans ambages le rapport.
Tout en tenant compte de l’impact de l’urgence sanitaire du Covid-19 sur les droits humains, l’AMDH note également que « les causes profondes de la plupart de ces violations résident dans l’offensive constante de l’État contre les nécessaires libertés publiques qui caractérisent toute société démocratique »
L’Association des droits de l’homme déplore 120 arrestations contre des militants, des influenceurs des médias sociaux et des journalistes.
Dans le domaine des droits civils et politiques, le rapport recense 120 détenus et des dizaines de citations à comparaître, d’arrestations et de procès. Les personnes arrêtées vont de personnes persécutées et condamnées dans le Rif-Hirak sans perspective d’amnistie à des personnes arrêtées en raison de tweets, de publications ou de vidéos sur les réseaux sociaux. L’AMDH comprend également des personnes condamnées après la dissolution du parti politique « Gdeim Izik », ou les « Prisonniers de la Salafiyya Jihadia ».
L’AMDH réclame la suspension officielle de la peine de mort au Maroc
D’autre part, l’AMDH appelle l’État à protéger le droit à la vie, notamment en réhabilitant les infrastructures sanitaires, en respectant les normes de sécurité sur les chantiers et les grands chantiers et en luttant contre l’impunité des personnes chargées de faire respecter la loi.
« L’Etat marocain s’abstient toujours de voter la suspension de l’application de la peine de mort, considérant qu’aucune exécution n’a eu lieu depuis près de trois décennies (1993) », a rappelé l’AMDH. Selon les chiffres de l’organisation, quatre à cinq condamnations à mort ont été prononcées en 2021. Cela porte le nombre de personnes condamnées à mort au Maroc, dont deux femmes, à 78 selon le Conseil national des droits de l’homme et 79 selon le procureur général.
Le même rapport note qu’en 2021, il y a eu 21 décès dans la police, la gendarmerie, les agences gouvernementales, les prisons ou en raison d’un sentiment d’injustice ou de l’intervention des forces publiques. En comparaison, il y a eu 32 décès dans les hôpitaux et centres de santé et sociaux dus à une négligence médicale, une erreur médicale ou la faiblesse de la structure hospitalière.
En outre, « bien qu’aucune allégation claire et explicite de torture n’a été documentée en 2021, la force excessive utilisée par les forces de l’État pour disperser des manifestations et des manifestations pacifiques, entraînant des persécutions et des blessures graves, va parfois au-delà des mauvais traitements et équivaut à de la torture », relève le rapport.
La perte des libertés civiles se poursuit
Le rapport pointe également des violations du droit à la liberté d’association, de réunion pacifique et des libertés religieuses, notamment contre les chiites marocains, rompant publiquement le jeûne pendant le ramadan ou contre les chrétiens marocains.
Dans le domaine de la liberté d’information, de la presse et d’internet, l’AMDH constate une « baisse extraordinaire et sans précédent de la liberté d’information, de la presse et des blogs » à travers des arrestations arbitraires, des poursuites injustes et des procès inéquitables.
En ce qui concerne les droits économiques et sociaux, le tableau est tout aussi sombre. L’AMDH estime qu’il est urgent d’améliorer le droit à la santé, au logement et à l’éducation dans le contexte de la pandémie.
De même, selon l’organisation des droits de l’homme, des groupes spécifiques tels que les femmes, les enfants, les personnes handicapées et les réfugiés doivent être responsabilisés afin de créer un Maroc plus respectueux des droits de l’homme.