Pour avoir accordé une interview à Charles Orana, auteur du livre « Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise », publié le 20 novembre dernier, Jacques Matand, journaliste du bureau de BBC Afrique à Dakar, a été licencié. D’après la lettre de licenciement dont Atlanticactu.com détient copie, M. Matand est remercié pour faute grave mais pour ses collègues indignés par une telle mesure, c’est le Président Rwandais qui serait à l’origine.
Dans la lettre de licenciement adressée à Jacques Matand, la rédactrice en chef du service de la radio britannique, Anne Look Thiam, mentionne une « plainte du gouvernement rwandais », suite à la diffusion d’un entretien avec Charles Onana, auteur du livre Rwanda, La vérité sur l’opération Turquoise. Les autorités rwandaises auraient accusé la radio d’avoir été « injuste, biaisée et inexacte ».
Pour Reporters sans frontières, BBC Afrique prend là une sanction disproportionnée et dangereuse, qui va contribuer à intimider les journalistes travaillant sur ce sujet sensible.
Au Sénégal, le syndicat des professionnels de l’information et de la communication dénonce lui aussi ce licenciement. Son secrétaire général, Bamba Kassé, évoque un prétexte pour faire partir Jacques Matand, qui est par ailleurs secrétaire général du syndicat-section BBC Dakar.
Le gouvernement rwandais nie toute plainte contre le journaliste
« L’interview en question a été sortie au début du mois de novembre et dans les différents débriefings après la diffusion du sujet auxquels madame Look Thiam a pris part au moins une fois, elle n’a jamais relevé le fait que c’était un sujet controversé ou le fait que ce n’était pas un bon élement, explique Bamba Kassé. C’est un secret de polichinelle que la BBC ici essaie de se débarrasser de quelques-uns de ses travailleurs et le secrétaire général du syndicat, c’est la tête à couper ».
Joint par RFI, le secrétaire d’État au ministère rwandais des Affaires étrangères Olivier Nduhungirehe affirme que « c’est un média qui a pris une décision, et qu’il n’y a pas eu de plainte du Rwanda ». Sa direction, que nous avons tenté de joindre, a affirmé que personne n’était disponible pour répondre à nos questions.