Une toute nouvelle page de l’histoire vient de s’ouvrir pour la Colombie qui vient d’élire son premier président issu de la gauche communiste. Avec une victoire historique et sans contestation possible, l’économiste et ex-guérillero du M-19, Gustavo Petro, est devenu dimanche le premier président de gauche de l’histoire de la Colombie en obtenant 50,44% des suffrages, devant son adversaire le millionnaire populiste Rodolfo Hernandez qui a obtenu 47,30%. La participation de plus de 58% est, elle aussi, historique dans un pays où l’abstention est toujours record.
Gustavo Petro se présentait pour la troisième fois à la présidence après plus de trente ans d’opposition. Les défis sont grands. Il hérite d’un pays en crise : d’une part la pauvreté et les inégalités chroniques ont largement augmenté avec la pandémie. De l’autre, la paix tant espérée après la signature de l’accord historique avec l’ex-guérilla des Farc en 2016 ne s’est jamais complètement concrétisée, sachant que le gouvernement d’Ivan Duque a tout fait pour le saboter et les violences des acteurs armés se sont aggravés dans de nombreux territoires.
«Le gouvernement qui va commencer le 7 août est celui de la vie. Nous allons construire une puissance mondiale de la vie qui pourrait être résumée en trois points : la paix, la justice sociale et la justice environnementale», a précisé Gustavo Petro, remerciant la «marée juvénile et féminine» qui l’a porté à la présidence. Gustavo Petro a aussi promis de faire de la lutte contre le changement climatique, un des axes de son gouvernement et de sa politique diplomatique. Quelques jours avant son élection, il avait annoncé la convocation d’un grand accord national ouvert à toutes les forces politiques économiques et sociales de la nation qui a contribué sans aucun doute à sa victoire. Et sachant qu’il n’a pas la majorité au Congrès pour gouverner. «Le chemin va être difficile, mais pour l’instant réjouissons-nous», souligne une jeune militante dans la foule. La fête et l’euphorie ont duré une grande partie de la nuit dans les rues de Bogota.
Rodolfo Hernandez le candidat perdant a également «accepté» sa défaite, ajoutant souhaiter à son opposant victorieux «qu’il sache diriger le pays, qu’il soit fidèle à son discours contre la corruption». L’ex-président Alvaro Uribe (2002-2010), qui a si longtemps régné d’une main de fer sur le pays, a lui aussi joué l’apaisement : «Pour défendre la démocratie il faut la respecter. Gustavo Petro est le Président». «Ce sont aussi les signes du changement», souligne le politologue Daniel Garcia Peña.