vendredi, 22 novembre 2024 02:11

Burkina Faso : L’un des témoins du procès de Thomas Sankara, Gabriel Tamini échappe à un mandat d’arrêt

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Le procès du dossier Thomas Sankara et 12 autres compagnons s’est poursuivi, le mercredi 1er décembre 2021, avec l’interrogatoire des témoins, Pr Serge Théophile Balima, Michel Toé, Patrice Nana, Gabriel Tamini.

Chargé de la communication à la présidence du Faso sous le Conseil national de la révolution (CNR), Pr Serge Théophile Balima a été le premier à témoigner à la barre, le mercredi 1er décembre 2021, sur l’affaire de l’assassinat du Président Thomas Sankara et ses 12 compagnons. Le 18e sur les 111 témoins, Pr Balima, 72 ans, a livré sa version des faits. L’enseignant-chercheur en communication, dans sa déposition, a indiqué que le 15 octobre 1987, il s’est rendu à la présidence. « C’est autour de 15h55 que le président Thomas Sankara m’a appelé dans son bureau. J’ai constaté que sa sécurité était presque inexistante. C’est seulement son chauffeur Der Somda qui était présent ». Lorsqu’ils étaient en train d’échanger, le président Sankara a reçu deux appels.

Le premier était celui d’une femme qui disait : « Thomas où es-tu ? Sauve-toi, on va te tuer ». Le deuxième appel, était celui d’un homme et il (Sankara, NDLR) a répondu que « Nous sommes au conseil, nous n’attendons que toi ». « Dès que le président a bougé, j’ai entendu un coup de feu. Quatre minutes après c’était des tirs nourris. J’ai alors compris que quelque chose n’allait pas et j’ai dit à mon collègue qui était avec moi qu’il faut qu’on sorte », a-t-il dit. Quand ils sont parvenus à sortir les mains en l’air, il a vu des militaires positionnés et couverts de poussière. L’ancien chargé de la presse internationale au sein de la communication de la présidence du Faso a précisé que c’est après avoir « jonglé » pour arriver chez lui que, sa femme l’a informé par l’intermédiaire du défunt Arba Diallo que les militaires sont passés à la présidence dans la matinée pour demander aux civils de ne pas venir au service dans l’après-midi. A l’en croire, Thomas Sankara l’avait appelé à son bureau au sujet d’un article paru dans une presse privée à Dakar au Sénégal et intitulé « Thomas Sankara, sur le chemin de Touré ? ». En tant que chargé de la communication, a-t-il souligné, il avait dans son commentaire apprécié, que c’était un article sans objet. Le président l’avait néanmoins instruit de préparer une mission à Dakar pour protester contre la publication.

Les confidences du roi de Tenkodogo

Me Guy Hervé Kam : « Nous avons constaté que certains témoins font des faux témoignages et nous allons à chaque fois le relever ».

Répondant aux questions du parquet militaire, le témoin a apporté des éclaircissements sur les confidences du roi de Tenkodogo qui prédisait le sort du président Sankara. M. Balima a indiqué qu’il a été reçu, le 3 octobre 1987 par le roi de Tenkodogo qui lui a dit que ses voyants ont prédit l’assassinat du président. Mais grâce aux rituels, le drame qui devait se produire à Tenkodogo a été évité. Mais, selon le chef, le danger était toujours présent. A la barre, Serge Balima a reconnu les valeurs que Sankara incarnait. « C’était un homme que les attributs du pouvoir n’intéressaient pas. Il était honnête, transparent, intransigeant sur le comportement exemplaire ». Michel Toé, 52 ans, commerçant de profession et délégué médical au moment des faits, a suivi M. Balima à la barre. Le témoin, lors de sa déposition, a révélé des confidences que le colonel-major à la retraite, Jean Pierre Palm lui avait faites. « Il m’a dit, tu sais, notre coup a échoué, on n’a pas pu avoir Fidèle Toé ». Jean Pierre Palm a également dit, sous le ton de la confidence, qu’il y avait deux commandos le 15 octobre 1987, s’est-il rappelé.

Le pasteur Gabriel Tamini

A la suite de Patrice Nana, c’est le journaliste à la retraite, Gabriel Tamini, membre du l’Union communiste burkinabè (UCB), au moment de faits qui a été auditionné. « Le 15 octobre 1987, j’étais à mon domicile quand les tirs ont éclaté », a déclaré le témoin. Pour lui, c’était la tourmente. C’est dans cet état d’esprit qu’il a aperçu un véhicule qui venait à vive allure chez lui autour de 17h 30. C’était le défunt Salif Diallo, a-t-il relaté. A l’entendre, il n’a pas réfléchi deux fois avant de se faire embarquer parce qu’il s’agissait d’une opportunité de prendre la fuite. « Dans le véhicule, je lui ai demandé qu’est-ce qui se passait ? Il m’a répondu qu’il y a eu des tirs au Conseil de l’Entente et que Sankara était mort ». Il a ajouté que c’est Salif Diallo qui l’a conduit au domicile de Blaise Compaoré, où Henri Zongo et Jean Baptiste Lingani étaient présents avec d’autres militaires. « Ils m’ont dit de les accompagner à la radio », a-t-il laissé entendre. Selon le témoin, c’est au moment de la déclaration qu’il s’est rendu compte de la note. Répondant aux questions des avocats de la partie civile, le témoin Gabriel Tamini a relevé qu’il n’est plus communiste. « Je suis devenu un pasteur », a-t-il déclaré. M. Tamini a indiqué qu’il a été copté par Watamou Lamien pour être membre de l’UCB et que par la suite il a été désigné membre du Conseil national de la Révolution.

Source : Burkinainfos

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