Sénégal
Atlanticactu/ Cheikh Diba/ Saliou Ndong
Un audit récemment publié a révélé que le déficit budgétaire et la dette publique du Sénégal étaient bien plus élevés que ce qui avait été précédemment annoncé officiellement. Selon Bloomberg, lors des réunions annuelles du FMI à Washington, le ministre des Finances, Cheikh Diba, a déclaré que le programme du Sénégal avec le Fonds monétaire international devait être révisé, et que le gouvernement espérait conclure un nouvel accord avec le FMI d’ici le premier trimestre 2025.
La situation a pris une autre dimension lorsque le Premier ministre Ousmane Sonko a déclaré, lors d’une conférence de presse le 26 septembre, qu’un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) révélait de graves irrégularités financières au cours des cinq dernières années de la présidence de Macky Sall. Il a accusé l’ancien gouvernement d’avoir « manipulé les chiffres pour donner l’illusion d’une stabilité économique ».
En réponse, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note de crédit du Sénégal, entraînant une brève baisse des euro-obligations sénégalaises et provoquant une controverse dans le pays, selon L’Observateur.
Le journal rapporte que l’audit, validé par une évaluation indépendante du FMI, montre que le déficit budgétaire du Sénégal est en réalité supérieur à 10 % du PIB, contre les 5,5 % précédemment annoncés, et que le ratio dette/PIB a grimpé à 80 %. En conséquence, le programme de financement de 1,8 milliard de dollars (environ 1 093 milliards de francs CFA) a été suspendu, et le prochain versement de 338 milliards de francs CFA reporté à 2025.
Cheikh Diba a précisé que les fonds déjà reçus par l’ancien régime ne seront pas remboursés, soulignant que l’audit avait été initié par le Sénégal lui-même. « Si nous avions tenté de dissimuler les faits et que cela avait été découvert, la situation aurait été différente. Mais dans ce cas, c’est le Sénégal qui a pris l’initiative de réaliser l’audit et a présenté les chiffres corrects au FMI », a-t-il expliqué.
Quant aux contrats futurs qui devraient soutenir la croissance économique du pays, prévue à 6 % cette année et à plus de 10 % en 2025, M. Diba a indiqué que l’État vérifierait leur conformité. « Nous ne pouvons pas changer les règles en cours de route, mais l’État a le droit de s’assurer que les contrats respectent les codes miniers et pétroliers en vigueur au moment de leur signature », a-t-il ajouté.