L’ancien président de l’Assemblée nationale du Niger et opposant irréductible à Mouhamadou Issoufou, dénonce les sanctions de la Cedeao contre son pays.
Hama Amadou a donné une grande interview dernièrement à nos confrères de Vox Africa, la télévision panafricaine. Lors de l’entretien, il est revenu sur les sanctions infligées par la Cedeao contre son pays.
« Je considère l’ultimatum fixé par la Cedeao comme une marque de mépris envers le Niger, son peuple et son armée. Je m’interroge sur la légitimité d’une intervention militaire de la Cedeao dans un pays membre et je remets en question la nature de la démocratie au Niger. Cette précipitation témoigne d’un manque de respect envers notre nation », a-t-il poursuivi.
Au passage il évoque l’influence de la France dans la sous-région. « L’influence occidentale, y compris celle de la France, est un sujet qui soulève des interrogations. Les pays africains ont souvent été sujets à des influences extérieures depuis la décolonisation. Les motivations de la Cedeao dans ses décisions sont légitimes, mais il est important de se demander si elles sont véritablement en faveur des intérêts du Niger », analyse-t-il.
Les Nigériens ont le potentiel de se relever par eux-mêmes, comme d’autres nations l’ont fait
« L’aide au développement a souvent été utilisée pour asseoir un néocolonialisme qui assujettit les États africains. Les sanctions pourraient en effet stimuler la conscience patriotique des Africains et les inciter à rechercher des solutions indépendantes. Les Nigériens ont le potentiel de se relever par eux-mêmes, comme d’autres nations l’ont fait. Je remets en question la validité des accords signés entre le Niger et la France, car ils n’ont jamais été soumis à la ratification de l’Assemblée nationale. La présence de soldats français soulève des questions sur la souveraineté de notre pays. Le respect de la constitution nigérienne est essentiel », a-t-il poursuivi.
Accusé de trafic de bébés par le régime du président Mouhamadou Issoufou, l’ancien président de l’assemblée nationale nigérienne, Hama Amadou plusieurs fois emprisonné, avait été écarté de la présidentielle du 27 décembre 2020 par la Cour constitutionnelle du Niger qui a retenu 30 candidatures pour l’élection. Le principal opposant, Hama Amadou a été écarté de cette élection. En février 2021, des manifestants contestent le résultat de l’élection présidentielle et Hama Amadou est soupçonné d’incitation à la violence.
Après trois jours de garde à vue, il est incarcéré à la prison de Filingué et accusé de « propagande régionaliste », de « complicité de dégradation de biens » et d’« incitation à la violence et à la haine ethnique . En avril 2021, après l’élection présidentielle, Amadou obtient l’autorisation de partir en France pour y être soigné où il réside jusqu’à présent.