La capitale soudanaise a été secouée par des tirs et explosions samedi soir après une journée de combats de rue meurtriers, de raids aériens et de menaces par médias et réseaux sociaux interposés des deux généraux aux commandes du Soudan depuis le putsch de 2021. Au moins 56 civils sont morts dans les combats en cours depuis samedi au Soudan, notamment à Khartoum, où les tensions entre les Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, et l’armée, dirigée par Abdel Fattah al-Burhane.
A Khartoum, où les rares civils qui s’étaient aventurés dehors le matin sont rentrés en courant chez eux, des colonnes de fumée se sont élevées au-dessus des sièges des paramilitaires comme de l’aéroport international.
Toute la journée, les appels au cessez-le-feu se sont multipliés: de l’ONU, Washington, Moscou, Paris, Rome, Ryad, l’Union africaine, la Ligue arabe, l’Union européenne et même l’ancien Premier ministre civil Abdallah Hamdok. Mais rien n’y a fait.
Dimanche, la Ligue arabe annonce une réunion d’urgence sur le Soudan, à la demande du Caire –où elle siège– et de Ryad, deux grands alliés de l’armée soudanaise, aux prises avec les paramilitaires qui veulent désormais la déloger du pouvoir.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé les deux belligérants: le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhane, et le patron des paramilitaires, Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti », mais aussi le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour réclamer « un arrêt immédiat de la violence ».
Les paramilitaires, eux, se disent inflexibles. Ils « ne s’arrêteront pas avant d’avoir pris le contrôle de l’ensemble des bases militaires », a menacé sur la chaîne al-Jazeera leur commandant Hemedti.
En soirée, sur la chaîne émiratie Sky News Arabia, il a redit avoir été « forcé » de réagir. « Ce n’est pas nous qui avons commencé », a-t-il martelé. « Il faut que Burhane le criminel se rende », a-t-il dit alors que des tirs résonnaient autour de lui.
Ses Forces de soutien rapide (FSR) –des milliers d’ex-miliciens de la guerre du Darfour devenus supplétifs de l’armée– ont dit avoir pris l’aéroport international et le palais présidentiel.
Le général Burhane, lui, n’est pas apparu depuis le matin, mais assure par communiqué avoir été « surpris à neuf heures du matin » par une attaque de son QG par les FSR, son ancien meilleur allié que l’armée qualifie désormais de « milice soutenue par l’étranger » pour mener sa « trahison ».
L’armée, elle, a publié sur sa page Facebook un « avis de recherche » contre Hemedti. « Ce criminel en fuite est recherché par la justice », lit-on sur le montage photo, alors qu’un autre communiqué annonce la dissolution des FSR, appelant tous ces hommes à se rendre.
Des deux côtés, finies les négociations feutrées sous l’égide de diplomates et autres discussions policées, l’armée a mobilisé ses avions pour frapper –et « détruire », dit-elle– des bases des FSR à Khartoum. Quant aux appels à revenir à la table des négociations, l’armée a répondu que c’était « impossible avant la dissolution des FSR ».