dimanche, 24 novembre 2024 22:21

Génocide rwandais : le 29e commémoration de l’un des grands crimes contre l’humanité

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Rwanda
Atlanticactu/ Kigali/ Lolita Batamio
Des cicatrices ouvertes, des cauchemars terrifiants, mais aussi l’espoir d’une mémoire un jour apaisée: des rescapés du génocide des Tutsi du Rwanda ont commémoré vendredi le 29e anniversaire de la tragédie à Paris, ville qui va ériger un monument à la mémoire des victimes.
Lors d’une cérémonie organisée dans un pavillon du bois de Boulogne, l’accent a été mis sur l’espoir incarné par la jeunesse rwandaise. Une douzaine d’adolescents vêtus de noir ont déclamé une émouvante lettre aux grands parents qu’ils n’ont pas connus, massacrés en 1994, avant de laisser la place aux témoignages de deux survivants.
« Après un génocide, tu te retrouves dans un vide affectif pas possible, tu ne peux pas vraiment faire le deuil de tes proches. Et la façon dont ils ont été tués te reste dans la tête », a décrit Esther Mujawayo, 65 ans.
Avec humour, elle a raconté qu’elle trainait toujours, près de 30 ans après, « le complexe du survivant » et « le réflexe du rescapé », comme celui de s’installer sur un chaise près de la sortie: « on ne sait jamais ».
Aimable Kubana, enfant au moment des massacres, se souvient lui « des milices qui reniflaient l’odeur du sang des Tutsi dans la rue », « des balles qui pleuvaient comme si c’étaient des abeilles ». « Nos cicatrices restent ouvertes mais on se reconstruit », a-t-il cependant ajouté.
Entre avril et juillet 1994, plus de 800.000 personnes selon l’ONU, essentiellement des membres de la minorité tutsi, ont été massacrées dans des conditions abominables, un génocide orchestré par le pouvoir de la majorité hutue.
Un monument à la mémoire des victimes sera érigé sur les quais de Seine en plein coeur de Paris, a annoncé l’Elysée à l’occasion de cette commémoration, un nouveau pas mémoriel effectué par la France, dont le président Emmanuel Macron a reconnu « les responsabilités » dans le génocide de 1994.
Le monument sera érigé rive gauche non loin du ministère des Affaires étrangères et juste en face, sur la rive opposée, du monument à la mémoire des victimes du génocide arménien.
Il s’agit de « rendre un hommage national, visible et permanent à la mémoire des victimes », a indiqué l’Elysée, qui lancera avec la ville de Paris un appel d’offre fin mai.
« Nous devons regarder cette histoire en face, droit dans les yeux », a martelé la secrétaire d’Etat Chrysoula Zacharopoulos, estimant, très émue, que ce monument serait « un appel à l’éveil de toutes les consciences, sur ce que l’être humain a pu commettre de plus atroce dans son histoire ».

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