Auparavant, l’agent judiciaire de l’Etat a demandé à ce que les intérêts civils de l’Etat soient préservés parce qu’il ne sait pas « le nombre de passeports qui a été donnés et le préjudice subi par l’Etat ». Mamadou Lamine Ba, adjudant-chef de la gendarmerie de son état, il était en service à la Présidence au moment de l’éclatement de cette affaire. Il lui est reproché de jouer un rôle important dans la procédure à suivre et le ton des lettres de demande de passeport diplomatique aux clients du réseau. Par la suite, il glissait les dossiers dans le parapheur présidentiel. En contrepartie, il recevait des transferts d’argent.
Interrogé sur ces faits par le juge, il a commencé par nier. Avant de donner sa version des faits. « C’est après validation que mon travail commence. J’envoie les documents aux Affaires étrangères et j’appelle les intéressés pour leur dire de se présenter au ministère le lendemain. J’interviens en dernier ressort. Depuis le 16 mars 2016, jour de ma prise de fonction, jusqu’au mois de décembre dernier, je ne fais que mon travail. Je peux écrire jusqu’à 300 lettres par an. Je n’ai jamais appelé quelqu’un pour lui dire de faire une demande de la sorte », a-t-il dit. Sur les sommes d’argent reçues, il a soutenu qu’il arrive dans le cadre de son travail que quelqu’un l’appelle pour le remercier de son travail.
L’Adjudant-chef de la gendarmerie : « Limamoulaye se faisait passer pour une autorité »
Avant de lui envoyer 50 000 ou 100 000 francs. L’exploitation de son téléphone a permis de découvrir que certaines sommes venaient de son codétenu, Limamoulaye Seck. « Je ne pouvais pas imaginer que ça provenait de lui. Limamoulaye se faisait passer pour une autorité. Je ne me focalisais pas sur sa voix. Et je ne saurais vous dire combien de fois il m’a envoyé de l’argent. Par contre, je sais que ça n’a pas atteint 400 000 francs », a-t-il dit.
De son côté, Assane Ndione, gendarme en service au niveau du Bureau des passeports diplomatiques du ministère des Affaires étrangères au moment des faits avait en charge de faire accomplir aux bénéficiaires, à la vitesse de l’éclair, les formalités de dépôt permettant l’obtention du passeport diplomatique.
Devant le tribunal, il a reconnu avoir reçu des sommes d’argent pour service rendu. « Limamoulaye faisait appel à moi pour des notes verbales. Et je dois préciser que l’essentiel est que la personne ait un passeport diplomatique en son nom. De mon côté, je faisais la note verbale qui vous dispense de la procédure d’obtention de visa dans les ambassades », a-t-il déclaré.
Gendarme Assane Ndione : « J’ai reçu de l’argent mais… »
Limamoulaye Seck, avait pour rôle de démarcher les clients pour l’obtention de passeports diplomatiques. Il a confirmé devant le juge qu’on lui transférait les cartes d’identité et il avait aussi une commission de 500 000f pour chaque passeport. Par ailleurs, il a dit au juge avoir rencontré l’adjudant-chef Ba pour récupérer un passeport. « On n’a pas une relation particulière. On me demandait souvent de lui remettre de l’argent. Et c’est ce que je faisais », a-t-il précisé.
Badara Sambou et Cheikh Ibnou Samb, tous les deux agents au ministère des Affaires étrangères se chargeaient eux aussi de démarcher des candidats. Ils ont pris en charge, notamment, les dossiers de l’ex-miss Sénégal Fabienne Féliho et du défenseur des Lions, Kara Mbodji. Ces derniers leur ont versé 2 millions et 3 millions de francs CFA pour obtenir des passeports diplomatiques.
Mariétou Ba : « Il m’ont fait passer pour la femme du Dg de DP World… »
Badara Sambou a précisé tout de même qu’il n’était pas agent du ministère, mais un volontaire au service de la communication. « Des gens m’ont contacté pour des passeports diplomatiques et je me suis ouvert à Limamoulaye Seck. Je lui ai soufflé qu’il y avait la possibilité de se faire de l’argent en délivrant des passeports diplomatiques à des citoyens qui donnaient entre 3, 4 et 5 millions », révélé le prévenu. Ali Ndao, également démarcheur dans cette affaire a permis à Mariétou Ba d’obtenir un passeport diplomatique moyennant 4 millions de francs CFA. Un montant qu’il déclare avoir versé à Limamoulaye Seck après avoir prélevé sa commission de 500 000 francs CFA.
La dame entendue par le juge, a confirmé les faits. « J’ai payé 4,5 millions à Ali Ndao pour avoir le précieux sésame. Le passeport était en mon nom. Ils m’ont fait passer pour la femme du directeur général de Dubaï Port World. Et je vous dis ici que je ne suis pas la femme de ce directeur », a-t-elle déclaré.
Cheikh Moussa Sarr