Au lendemain du verdict du procès de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons en 1987 dans un coup d’Etat, condamnant à la prison à vie l’ex président burkinabè Blaise Compaoré et deux autres personnes, le collectif des avocats de la famille Sankara, a déclaré jeudi, lors d’une conférence de presse, qu’il comptait s’attaquer maintenant au volet international de ce dossier.
Huit autres accusés ont été condamnés à des peines allant de trois ans à vingt ans de prison tandis que trois accusés ont été acquittés.
« Nous, avocats de la partie civile, en ce qui nous concerne, prenons acte de la décision rendue publique. Aussi, nous nous félicitons des résultats auxquels nous sommes parvenus grâce à un travail fait avec méthode « , a félicité Maitre Benewende Stanislas Sankara membre du collectif des avocats de la partie civile.
« Beaucoup de zones d’ombres existent encore notamment au plan des complicités internationales et il est également vrai que les véritables acteurs comme Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando ont pu fuir leur pays pour tenter de se dérober à la justice, mais la vérité a vu le jour », a-t-il dit.
« Nous avons la possibilité de faire actionner la justice sur le volet international du procès. Il va s’agir pour nous, de voir avec la famille, s’il faut aller sur ce terrain, nous irons jusqu’au bout. Nous irons jusqu’au bout, parce que la manifestation de la vérité doit être intégrale », a précisé Me Sankara qui n’a aucun lien familial avec l’ancien président Thomas Sankara.
Présente à la conférence de presse, la veuve de Sankara, Mariam Sankara a déclaré qu’elle avait appris beaucoup de choses lors de ce procès.
« (…) des personnes qui se disaient des révolutionnaires, nous avons su comment elles étaient réellement. Nous avons su comment ce crime horrible a été commis. C’était triste d’écouter la vérité. Au moins la justice est rendue », a-t-elle répété avant d’annoncer que les familles des victimes peuvent maintenant faire leur deuil.
— Le 13 avril, le procès se penchera autour des intérêts civils.
A ce propos, Me Prosper Farama, un avocat de la partie civile a indiqué que la famille de Sankara se concertera pour savoir si elle va demander une réparation pécuniaire ou pas.
Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara, tombait sous les balles d’un commando lors d’un coup d’Etat à l’issue duquel son ami et conseiller principal, et numéro deux du régime, le capitaine Blaise Compaoré prend le pouvoir.
Douze accusés sur quatorze, dont Gilbert Diendéré ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré, étaient présents à ce procès ouvert le 11 octobre 2021 et dont le dossier faisait près de 20 000 pages, selon la justice militaire.
Ce premier procès n’a pas touché le volet international du dossier.
La responsabilité de certaines puissances occidentales dans cet assassinat, notamment la France, a été évoquée mais à ce jour, il n’existe pas de preuves d’une telle implication.
En 2021, le réseau international « Justice pour Sankara justice pour l’Afrique » avait exigé que la France transmette à la justice burkinabè les archives couvrant le mandat de son ancien président François Mitterrand, afin de clarifier la responsabilité de la France dans ce dossier.