Le Premier ministre congolais Jean–Michel Sama Lukonde a remis officiellement, jeudi au cours d’une sobre cérémonie, à sa ministre de la Culture, Arts et Patrimoines, Catherine Kathungu, un inventaire des objets culturels de la République démocratique du Congo (RDC) détenus depuis la colonisation par la Belgique.
En présence de plusieurs personnalités, notamment des membres du Gouvernement, du Secrétaire Général à la Culture et Arts ainsi que des cadres et agents de l’Institut des Musées nationaux du Congo, Lukonde a déclaré avoir réceptionné ce répertoire, en février dernier, au Musée Royal de l’Afrique centrale à Tervuren en Belgique des mains de son homologue Belge Alexandre de Croo.
84 000 objets culturels sont attendus par la RDC à l’issue du processus de restitution ainsi déclenché, a déclaré le Premier ministre, affirmant apprécier « la portée historique de la position du gouvernement fédéral belge affirmant sa ferme volonté politique et juridique sur la question ».
Selon un document de la primature congolaise consulté par l’Agence Anadolu, ces 84 000 objets sont « ethnographiques et organologiques » composés essentiellement de sculptures, masques, ustensiles, instruments de musique, parvenus en Belgique jusqu’en 1960, année de l’indépendance.
Ces objets représentent environ 70 % du fonds du musée de Royal de l’Afrique centrale à Tervuren.
Une commission mixte constituée des experts de la République démocratique du Congo et du Royaume de Belgique pour la matérialisation de la restitution de ces biens culturels congolais détenus en Belgique, a indiqué pour sa part la Ministre Kathungu.
Cet inventaire va s’ajouter à la collection « gérée par l’Institut des Musées nationaux. Il sera créé une commission nationale sur la restitution », a laissé entendre Kathungu qui a, par ailleurs, émis le vœu de voir le secteur de la culture « être doté d’un cadre légal pertinent pouvant permettre de faire face aux enjeux du moment ».
Pour pouvoir restituer ces objets du patrimoine belge, le Parlement bruxellois doit examiner un projet de loi qui rendrait aliénable l’ensemble des biens hérités du passé colonial.
En 2021, la Belgique avait annoncé son intention de rendre « aliénables » les biens hérités de son passé colonial.
En 2020, le roi Philippe a exprimé au président congolais Félix Tshisekedi ses « profonds regrets » à cause des « blessures » infligées au peuple congolais durant l’époque coloniale, des actes de violence et de cruauté.
Un rapport accablant publié en 2020 par une commission parlementaire spéciale sur la colonisation de la RDC par la Belgique a souligné que même les routes et autres infrastructures, brandies par le Royaume comme des « effets positifs de la colonisation », seraient des trompe-l’œil uniquement destinés à l’exploitation optimale des fruits du pillage.
La Belgique a colonisé la RDC entre 1886 et 1960 sur fond de travail forcé, violences, lois contraires aux sociabilités traditionnelles, rabaissement du statut de la femme ou encore racisme fondateur de l’administration coloniale.
Entre 1885 et 1908, la RDC, alors État indépendant du Congo (EIC) était considérée comme une propriété du roi des Belges, Léopold II.
Entre 1908 et 1960, sous le nom du « Congo – Belge », l’immense RDC était alors considérée comme une colonie belge.