@Atlanticactu.com – La grogne contre l’opérateur de téléphonie Orange prend de l’ampleur au Sénégal après la hausse des prix de certaines offres. Malgré la mobilisation des consommateurs à travers plusieurs plateformes, Orange maintient ses prix et va plus loin-en parlant de baisse des tarifs- alors qu’elle le constat est autre. Depuis le 22 juillet, les abonnés et associations de consommateurs s’organisent. Ils menacent de migrer massivement vers les opérateurs concurrents, alors que leur facture augmente.
Face à la contestation, Orange a sorti la grosse artillerie pour relancer la communication sur la hausse des offres des forfaits mobiles. L’opérateur qui réalise des bénéfices annuels à hauteur de 196 milliards de FCFA, trouve que « Cette vague de contestation de la nouvelle grille tarifaire des illimix, n’est en réalité que l’excitation de quelques-uns sur les réseaux sociaux » et d’ajouter que « Il n’y a pas de hausse tarifaire, il s’agit plutôt d’une baisse des tarifs et cerise sur le gâteau, malgré la contestation, Orange qui enregistre aujourd’hui au Sénégal 10 millions d’abonnés, n’a pas noté de départs significatifs d’abonnés».
Une sortie qui n’est pas restée longtemps sans réaction de la part des consommateurs. Pour Aliou Sané du mouvement YEM, l’une des plates-formes qui dénoncent cette hausse, «
Pour nous, la meilleure communication qu’Orange puisse faire actuellement, c’est de revenir tout simplement aux tarifs en vigueur avant cette nouvelle hausse de prix ».
« L’autre chose importante qu’il faut relever, c’est qu’Orange est fortement secouée par notre mobilisation citoyenne, mais pas assez pour reculer tout de suite », soutient Y en marre qui appelle à une journée de boycott contre Orange vendredi prochain.
La contestation prend de l’ampleur même si Orange relativise. S’il n’y a pas encore de forts départs vers d’autres opérateurs, les finances de Orange commencent à sentir le boycott des consommateurs
« Nous avions l’habitude au journal de prendre l’illimix mensuel à 5 900 francs cfa (9 € environ) ce qui nous permettait d’avoir 900 mn d’appels et, six forfaits étaient activés tous les mois. Mais désormais, ce passe coûte 7 400 francs cfa (environ 11 €) pour 600 mn d’appels seulement ! Notre directeur a préféré migrer vers Free depuis quelques jours car son budget téléphone commence à peser lourdement sur mes finances… » confesse Diariètou une jeune journaliste.
Les consommateurs sénégalais s’organisent. Ils contestent la hausse des tarifs de certaines offres mobiles d’Orange, premier opérateur téléphonique du pays. Orange détient plus de 50 % de parts de marché local via sa filiale Sonatel. Or depuis le 22 juillet, il a décidé de changements dans les tarifs de ses offres « illimix », des forfaits prépayés vendus pour une durée journalière, hebdomadaire ou mensuelle, et associant appels et Internet pour une durée limitée. Comme dans l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, les Sénégalais utilisent leur téléphone mobile en achetant ces forfaits prépayés.
Pour les consommateurs, Orange ne les respecte et a choisi un contexte peu favorable avec notamment la Covid19 et l’approche de la Tabaski pour planter ce coup de Jarnac.
Pour bon nombre de consommateurs, c’est le timing choisi par Orange qui démontre un manque de respect notoire vis-à-vis de la clientèle. Car, disent-ils le moment est en effet particulièrement mal choisi pour hausser les tarifs… « Nous sommes en pleine pandémie. Partout dans le monde les opérateurs collaborent avec les gouvernements pour promouvoir le télétravail. Au lieu de ça, Orange manque à son devoir d’accompagnement de la population. La demande est pourtant plus forte et la société continue d’engranger d’importants bénéfices », pointe Ndiaga Gueye, président de l’Association des usagers des Tics (Asutic).Pour Dame Mbodji, coordinateur du Rassemblement des abonnés d’Orange (RAO), l’opérateur a aussi profité de la période de la tabaski, fête religieuse très importante pour les musulmans, pour faire passer les augmentations « sans aucune concertation ».
Face à ces critiques, Orange a expliqué dans un communiqué du 24 juillet qu’en « quatre ans, les prix de l’Internet mobile ont baissé en moyenne de 70 % et ceux de l’Internet fixe de 83 % » et que le « Sénégal a les tarifs Internet parmi les plus bas d’Afrique ». Le groupe a aussi mis en avant ses investissements pour développer la 4G en installant un réseau de qualité. Mais ces arguments n’ont pas convaincu : « Les services de première nécessité et les outils de travail ne doivent pas être un luxe » argumente Mansour Mboup du RAO.
Les Sénégalais sont devenus hyper-connectés : selon l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), il y avait près de 9,6 millions d’utilisateurs d’Internet dans le pays, dont environ 88,6 % via mobile, en 2018. « Les dépenses en télécommunication sont devenues presque aussi importantes que celles en alimentation », note Momar Ndao, président de l’Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN).
L’ARTP qui est le gendarme des télécommunications n’est pas épargné également par les consommateurs. L’agence est cataloguée complice au service des opérateurs tout bonnement. Son silence depuis lors révélateur du malaise
Si la grogne risque de profiter aux opérateurs concurrents comme Free et Expresso, les sénégalais ne décolèrent pas face au mutisme de l’ARTP.
L’Agence sénégalaise de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) est particulièrement critiquée par les associations de consommateurs. « L’ARTP n’a pas fait son travail. C’était son devoir d’interdire la hausse des prix. Cette spéculation se fait avec la tolérance de l’état qui est actionnaire d’Orange » remarque Massokhna Kane, président de SOS Consommateurs.
La contestation a pris une telle ampleur que le président de la république, Macky Sall, s’est exprimé sur le sujet. Lors du conseil des ministres du 29 juillet, il a demandé à l’ARTP « de veiller davantage à la qualité du service délivré par les opérateurs aux usagers, ainsi qu’à la soutenabilité des tarifs appliqués aux consommateurs ».
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