Décidément l’Arrêté ministériel interdisant les rassemblements publics pour stopper la propagation du Covid-19 n’est pas prêt à être accepté par les populations. À Yoff, Guinaw Rails, Thiès, Ziguinchor, etc des fidèles ont bravé l’interdit pour effectuer la prière du vendredi. Le pire a été évité de justesse à Kafountine comme à Yoff où l’intervention de la gendarmerie a failli basculer dans des affrontements.
C’est tôt le matin de ce vendredi que le Sous-préfet de Kataba1, Amadou Wagué accompagné de gendarmes est venu tailler bavette avec l’Imam Ratib de Kafountine, Elhadji Doudou Thiam Diassy et le chef de village. Selon un proche de l’Imam qui faisait office d’interprète, « Le Sous-préfet était venu inviter le Saint homme, le chef de village et les autres Imams de se conformer à la décision d’interdiction des rassemblements ».
Et, soutient notre interlocuteur, « Les discussions ont tiré en longueur car l’Imam Ratib acceptant la décision, tenait venir à la mosquée et faire l’appel à la prière conformément aux préceptes ».
L’Imam Adjoint Ibrahima Diallo constatant l’absence de son supérieur décide de diriger la prière du vendredi
Après la prière qui s’est déroulée sans problème, les gendarmes interpellent Ibrahima Diallo. Comme si c’est ce qu’attendaient les fidèles, plusieurs personnes se sont érigées en bouclier pour empêcher que l’Imam soit conduit à la gendarmerie.
Face à la foule menaçante et de plus en plus nombreuse, le Sous-préfet a dû intervenir pour demander que l’homme soit libéré. Malgré ce signe d’apaisement, les fidèles ont arpenté les rues de Kafountine aux cris de « Allahou Akbar » en direction du poste de la gendarmerie.
« Pourquoi nous exiger de respecter un Arrêté ministériel qui concerne tous les sénégalais au moment où ailleurs des fidèles sacrifient librement à l’exercice de leur foi », s’interroge Elhadji Yankouba Diassy
Kafountine n’a pas été la seule ville à refuser de se conformer à l’interdiction de rassemblement et aux recommandations de l’association des Imams et Oulémas du Sénégal. Avec des fortunes diverses, l’état a « toléré » la tenue de la prière dans certains endroits quand ailleurs les forces de sécurité ont été mises à contribution pour interpeller les Imams rebelles.
C’est ce constat qui a d’ailleurs fait sortir de ses gonds Elhadji Yankouba Diassy, étudiant en Arabie Saoudite et actuellement en vacances. Pour l’étudiant en théologie qui a joint la rédaction de Atlanticactu.com, « Même en Arabie Saoudite d’où je viens, l’interdiction est applicable à tous et personne ne trouve à redire. Je comprends la réaction de certains fidèles qui considèrent à juste titre, avoir les mêmes droits que les autres musulmans à travers le monde ». Et de conclure, « Pour une telle décision, l’état doit impliquer les élus, les notables pour que le message ne souffre d’aucune interprétation ».
Criant à l’injustice, la foule a heureusement prêté une oreille attentionnée aux notables qui ont intervenu assez rapidement pour que l’irréparable ne se produise.
Cheikh Saadbou Diarra